Assurance maladie et inflationFace à la vie chère, Maillard exige une hausse des salaires
Les primes maladie pourraient bondir de 10% en Suisse l’an prochain. L’Union syndicale suisse demande une augmentation des salaires et se fait menaçante.

Les primes d’assurance maladie pourraient fortement augmenter en 2023. Selon une nouvelle étude, la hausse pourrait atteindre près de 10% dans certains cantons. En moyenne suisse, le besoin de rattrapage pour couvrir l’évolution des coûts est d’au moins 5,4%, écrit ce dimanche la «NZZ am Sonntag» en se basant sur l’étude du cabinet de conseil Accenture.
Cette enquête indique qu’un tel besoin de rattrapage existe lorsque les primes doivent tenir compte de l’augmentation réelle des coûts de la santé.
Selon l’étude, l’une des raisons de ce besoin de rattrapage est que, sous la pression politique, les primes ont été calculées au plus juste ces deux dernières années et les réserves en partie réduites afin de freiner la croissance des primes. La pandémie de Covid-19 a également contribué à la situation actuelle.
Plus forte hausse au Tessin
C’est au Tessin que les primes devraient le plus augmenter pour 2023. Étant donné que les coûts de la santé y ont augmenté de 9% en 2021, mais que les primes ont baissé de 0,2% en 2022, Accenture s’attend à une hausse d’au moins 9,2% pour l’année prochaine.
Ces chiffres ne tiennent toutefois pas encore compte de l’augmentation des coûts de la santé en 2022. Selon Accenture, les chiffres des premiers mois de l’année indiquent que la hausse va se poursuivre. Il faut donc s’attendre à des augmentations de primes nettement plus importantes en 2023.

Les cantons de Neuchâtel (+7,8%) et des Grisons (+8,1%) risquent également de subir de fortes augmentations de primes pour compenser la hausse des coûts de 2021. C’est dans le canton de Glaris (+1%) que le besoin de rattrapage est le plus faible, suivi par le Jura (+1,4%). Dans les autres cantons romands, il se situe à 6,7% à Genève, 6,6% dans le canton de Vaud, 4,6% en Valais, 3,3% à Fribourg et 4,8% à Berne.
5% d’augmentation salariale
La forte augmentation des primes maladie s’annonce comme un véritable coup de massue pour la population. Le sujet polarise l’attention et pousse le président de l’Union syndicale suisse (USS), Pierre-Yves Maillard, à sortir du bois.
Suivant de près l’évolution du coût de la vie, l’USS exige des mesures en faveur du pouvoir d’achat en raison de l’inflation, qui atteint 3,4% dans notre pays. Dans une interview accordée ce dimanche à la «SonntagsZeitung», son président réclame des mesures fortes à la Confédération et au patronat.
«Si les employeurs n’augmentent pas les salaires, il y aura des troubles sociaux et politiques.»
«Nous exigeons une hausse des salaires», déclare Pierre-Yves Maillard, pour qui tout autre scénario serait catastrophique pour le marché du travail et de la consommation. Le syndicaliste est convaincu que sans augmentation des salaires, une partie de la population aurait des difficultés à payer ses charges comme le chauffage, l’alimentation, mais aussi les primes d’assurance maladie.
Pierre-Yves Maillard se montre critique face à l’option soutenue par le patronat et une grande partie de la classe politique consistant à laisser stagner les salaires et augmenter la TVA, les primes d’assurance maladie et les taux d’intérêt. «Cette politique conduit à la hausse du chômage, à la récession et finalement à la pauvreté», analyse-t-il.
Concrètement, l’USS demande une augmentation des salaires, variable selon les branches mais qui s’élèverait en moyenne à 5%. «Si les employeurs n’augmentent pas les salaires, il y aura des troubles sociaux et politiques, avertit Pierre-Yves Maillard. S’il n’y a pas de solution, des mesures de lutte seront inévitables».
ATS/EAH
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.