Séance extraordinaire sur OmicronLes quatre mesures du Conseil fédéral pour enrayer la 5e vague
Avec l’arrivée du virus mutant, le gouvernement veut imposer de nouvelles normes pour les familles, le travail et les manifestations.

«C’est aux cantons d’agir!» «Non, c’est à la Confédération de prendre des mesures!» Ce petit jeu malsain, qui a eu lieu toute la semaine dernière, est terminé. Ce mardi après-midi, face à l’irruption du méchant mutant Omicron désormais arrivé sur sol suisse, le Conseil fédéral a tenu une séance extraordinaire. Et il s’est enfin décidé à décider. Enfin, à mettre des mesures en consultation qui seront définitivement avalisées (ou pas) vendredi.
Avant de voir le détail de ces mesures, voyons ce qui a fait bouger le Conseil fédéral. Est-ce le nombre de contaminations quotidiennes qui dépasse les 8000? Est-ce le nombre de patients Covid aux soins intensifs qui a grimpé rapidement à 225, soit plus très loin de la barre critique des 300? Non. Le ministre de la Santé, Alain Berset, avoue tout de go qu’il n’aurait rien proposé de particulier cette semaine si le variant Delta était le seul problème.
Ce qui a particulièrement secoué le gouvernement, c’est l’arrivée d’Omicron. «Nous avons appris son existence jeudi, résume le président de la Confédération, Guy Parmelin. Nous ne voulions pas attendre pour proposer des mesures préventives jusqu’à vendredi. Car nous faisons face déjà à une 5e vague importante du virus Delta.»
Face au nouveau danger, le Conseil fédéral range au placard ses arguments sur les disparités régionales qui justifiaient son attentisme ces dix derniers jours. A-t-il été aussi encouragé par la large acceptation par le peuple de la loi Covid dimanche dernier? Guy Parmelin s’en défend. «Nous faisons froidement de la realpolitik. Face à ce virus mutant, nous proposons des mesures déjà prises par de nombreux pays.»
Voici les principales mesures mises en consultation. Leur entrée en vigueur est proche mais pas définitivement arrêtée. Elles dureraient jusqu’au 24 janvier 2022.
Extension massive du certificat à l’intérieur
Le Conseil fédéral veut massivement étendre le certificat Covid à l’intérieur. Il serait exigé lors de toutes les manifestations accessibles au public ainsi que pour les activités sportives et culturelles d’amateurs. L’exception pour les groupes fixes jusqu’à 30 personnes, qui s’appliquait aujourd’hui, tomberait.
Le Conseil fédéral s’immisce même dans la vie des familles et des fêtes de fin d’année. À l’intérieur, il exige le certificat Covid dès que la smala ou le groupe d’amis dépasse dix personnes. Enfin, nouvelle exigence à l’extérieur: il faudra présenter son pass sanitaire dès qu’une manifestation dépasse 300 personnes, contre 1000 actuellement.
Le masque presque partout à l’intérieur
Fini le temps où le certificat Covid vous exonérait de porter le masque. Là, il faudra le mettre partout à l’intérieur des établissements et installations accessibles au public. Même au restaurant? Non. Là, on pourra trinquer et ripailler sans masque à condition d’être assis. Dès qu’on se lève, il faudra se masquer.
Que se passe-t-il pour les activités culturelles ou sportives où le port du masque représente un obstacle majeur? On pourra s’en passer à une condition: toutes les personnes devront décliner leur identité à l’instar de ce qui se fait dans les discothèques.
Il y a cependant un domaine à l’intérieur où le Conseil fédéral ne durcit pas les conditions mais au contraire les allège. Ainsi les restrictions de capacité tombent. La Confédération ne pourra plus imposer à une salle de spectacle de limiter sa jauge à 50% ou 75% par exemple. En revanche, les cantons gardent la possibilité de le faire, comme le précise Alain Berset.
Télétravail et masque au bureau
S’il y a un domaine où le Conseil fédéral n’a pas les idées arrêtées sur les mesures à prendre, c’est celui du monde du travail. Il met en consultation pas moins de trois variantes. La première prévoit le port du masque obligatoire pour tous les employés se trouvant dans des espaces fermés et partagés.
La deuxième variante oblige les personnes non vaccinées et non guéries à travailler à domicile. Et si elles ne peuvent pas? Alors elles devront porter un masque au travail à côté de leurs collègues vaccinés… qui eux n’en auront pas. Bonjour l’ambiance.
La dernière variante, la plus dure, prévoit une obligation généralisée du travail à domicile. Et si ce n’est pas possible, vaccinés et non-vaccinés devront porter un masque au turbin dans les locaux qui sont partagés par plusieurs personnes. Les entreprises seraient aussi obligées dans cette variante de proposer des tests répétés à leurs collaborateurs
Durcissement pour la validité des tests
Le Conseil fédéral va rendre la vie plus difficile aux personnes non vaccinées qui multiplient les tests pour avoir accès à un certificat Covid provisoire. Il veut en effet diminuer la validité horaire des tests. En clair, un test PCR ne sera plus valable 72 heures mais seulement 48 heures. Un test rapide antigénique ne sera reconnu que pendant 24 heures et plus 48 heures. Le Conseil fédéral explique ce serrage de vis par la nécessité d’accroître la sécurité des résultats face à la pandémie.
Le gouvernement souhaite aussi imposer des tests répétés à toutes les écoles des niveaux obligatoire et secondaire II. Alain Berset l’a demandé à de nombreuses reprises, mais la majorité des cantons n’a pas suivi. On verra lors de la consultation si cette opposition tombe ou se maintient.
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