Transports en commun en SuisseLes retards de grands projets ferroviaires inquiètent
Les cantons craignent des retards pour d’importants projets de transports en commun, indique vendredi le gouvernement après une procédure de consultation.

Les plans d’aménagement révisés et les perspectives pour l’infrastructure ferroviaire suisse sont largement approuvés au terme de la procédure de consultation vendredi. Les cantons s’inquiètent toutefois des retards pris par d’importants grands projets.
Fin juin 2022, le Conseil fédéral avait mis en consultation les plans actualisés de la future infrastructure ferroviaire sous le titre «Rail 2050». Ils prévoient que l’offre sera améliorée dans les agglomérations et entre les centres régionaux, sur les courtes et moyennes distances. Le trafic RER doit être renforcé et les gares en banlieue aménagées pour pouvoir notamment accueillir plus de trains IR et RE.
Les petites et moyennes villes seraient ainsi raccordées aux grandes agglomérations. Jusqu’à présent, l’accent était mis sur l’élimination des goulets d’étranglement et la densification de la cadence.
Craintes de retards
Les cantons soutiennent les mesures et les perspectives proposées par le Conseil fédéral. En même temps, ils s’inquiètent du fait que d’importants grands projets seraient retardés. Cela vaut également pour les effets négatifs qui résulteraient de l’abandon par les CFF de la conduite rapide dans les courbes avec des trains pendulaires.
Dans sa réponse, le Conseil d’État genevois s’interroge en particulier sur les réserves émises concernant la faisabilité du projet d’offre 2035 en Suisse romande. Ces offres sont notamment fragilisées par l’abandon de la technologie de compensation du roulis (WAKO) avec les trains pendulaires sur l’axe Lausanne – Berne.
La Conférence des directeurs cantonaux des transports publics attend de Berne qu’elle garantisse la mise en œuvre complète et rapide des plans par des mesures d’infrastructures supplémentaires, si nécessaire. Elle craint en effet que des retards de trois à cinq ans ne se profilent dans la mise en œuvre de l’étape d’aménagement 2035. Les cantons soutiennent ainsi la proposition de ne pas planifier d’étape à part entière en 2026 et de réviser plutôt le concept d’offre existant.
Si elle partage en principe la ligne du Conseil fédéral, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) regrette néanmoins que les retards dans les projets de constructions ne soient pas suffisamment expliqués. Le SSE cherche donc à en parler avec les responsables.
Régions périphériques oubliées
Le Groupement suisse pour les régions de montagnes constate pour sa part avec inquiétude que la politique des transports de la Confédération se concentre de plus en plus sur le trafic d’agglomération. Il est important, notamment pour le tourisme, que les régions de montagnes et les zones rurales soient facilement accessibles par la route et le rail.
De son côté, l’Union des transports publics (UTP) demande une mise en œuvre sans failles des mesures décidées par le Parlement. Une vue d’ensemble complète est nécessaire. Le développement du rail ne doit pas se limiter aux courtes et moyennes distances.
Parmi les grands partis, Le Centre et le PS estiment eux aussi que l’accent en matière d’infrastructures ferroviaires ne doit pas être mis uniquement sur les agglomérations. Le trafic longue distance en Suisse ainsi que le raccordement à l’Europe doivent être pris en compte dans la planification.
Ainsi, Le Centre salue l’intégration de l’extension complète du tunnel de base du Lötschberg dans l’étape d’aménagement 2035 et rejette catégoriquement la proposition du Conseil fédéral de renoncer à des investissements préalables dans la bifurcation vers Wädenswil (tunnel de base du Zimmerberg II). Cet investissement préalable doit absolument être réalisé.
Augmenter la part du rail
Le PS salue pour sa part le fait que le Conseil fédéral veuille augmenter la part des transports publics dans le trafic voyageur. Avec une hausse prévue de 3 points de pourcentage, à près de 24%, on est cependant loin d’atteindre les objectifs climatiques de Paris. Selon une étude de l’ATE, il faudrait carrément doubler la part actuelle de 20% à l’horizon 2040.
Le PLR demande au gouvernement de prendre davantage de mesures à court terme afin d’augmenter l’efficacité et d’améliorer l’offre ferroviaire. Il convient d’examiner de manière approfondie si les grands projets d’extension peuvent être adaptés, afin d’éviter une interruption de l’avancement des programmes d’aménagement ferroviaire pendant au moins dix ans.
Selon le PLR, le Conseil fédéral devrait proposer des mesures d’ici 2026 afin de commencer à construire de nouvelles lignes ferroviaires au plus tard d’ici la fin de la décennie. Celles-ci devraient réduire le temps de trajet entre Lausanne et Berne ainsi qu’entre Winterthour et Saint-Gall.
Les Vert’libéraux saluent les adaptations apportées à l’étape d’aménagement 2035, mais estiment que les surcoûts des projets doivent être examinés d’un œil critique. Ils ne comprennent pas l’abandon de la technologie des trains pendulaires, qui bouleverse l’organisation des horaires pour les régions concernées. Pour eux, la vision «Rail 2050» va dans la bonne direction, mais ne va clairement pas assez loin.
L’UDC pense à la route avant le rail
Le plus sceptique des partis envers ce projet en consultation est l’UDC. Il demande que les programmes d’extension et la perspective «Rail 2050» soient remis en question de manière critique. Le plus grand parti de Suisse admet la nécessité politique de développer la desserte des régions périphériques, à condition de renoncer à toute solution de luxe.
Il faut aussi mettre fin à la redistribution systématique de l’argent de la route vers le rail. L’UDC demande au Conseil fédéral de mettre l’accent, dans sa politique des transports, sur les moyens de propulsion alternatifs dans le trafic individuel motorisé, comme l’hydrogène, les carburants synthétiques ou les biocarburants.
ATS
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