Les intelligences artificielles ont déboulé dans nos vies en moins de temps qu’il n’en faut pour télécharger ChatGPT. Un jour elles nourrissaient des vagues fantasmes de science-fiction, le lendemain elles posaient leurs fesses à la maison et rédigeaient la dissertation du fiston.
Aux esprits qui galopent facilement vers les scénarios du pire viennent illico des scènes de cinéma figurant dérapages, perte de contrôle, apocalypse de l’espèce: le pauvre astronaute Dave condamné au vide sidéral par son ordinateur de bord sourcilleux dans 2001 L’Odyssée de l’espace, Sarah Connor fuyant les cyborgs déterminés à anéantir toute vie humaine pour ne plus avoir à se farcir notre incompétence dans Terminator, psiou, psiou, quelques bons lasers et on n’en parle plus.
«Les robots pourraient même se taper les séances sur Zoom et les blagues pourries du chef à la machine à café.»
Bon, du calme, respirons un coup et évaluons les risques. Dans l’ordre des préoccupations liées aux IA, la première est souvent d’ordre professionnel: les robots vont, comme les Italiens et les Balkaniques avant eux, nous piquer nos jobs. Vu comme ça, on pourrait déjà se dire que la peur de l’inconnu rend un peu idiot.
Mais, pourrait-on aussi se demander, serait-ce vraiment si grave? Ou ne serait-ce pas plutôt une super nouvelle que des robots vendent à notre place des abonnements de fitness ou des contrats de réassurance, rédigent pour nous des PV ou des stratégies marketing (ou des chroniques douteuses dans des quotidiens)? Ils pourraient même se taper les séances sur Zoom visant à agender des séances en présentiel et les blagues pourries du chef à la machine à café!
Délestés de ces tâches essentielles, tiens, est-ce qu’on n’en profiterait pas carrément pour organiser une société où on vivrait bien? Un monde formidable où on prendrait le temps d’éduquer nos enfants, de faire pousser des légumes au grand air, de s’émerveiller des mystères de l’univers!
OK, d’accord, je vous vois venir. Pendant que les rêveurs rêvent, il faudra bien que d’autres programment les machines. Non seulement ce ne sera pas fun, mais il y aura forcément des petits malins pour tirer profit de la béatitude générale. Si, si, il y en aura, j’en vois déjà qui frétillent. Juste à l’idée de se faire des sous, voire à celle d’assujettir totalement leurs semblables. Foin de rêverie; la condition humaine est moche et ne sera jamais autrement, IA ou non. Allez-y les cyborgs, balancez les lasers, qu’on en finisse.
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Grain de sable – Les robots ne veulent pas de votre place