Votations du 25 septembreLa retraite des femmes à 65 ans a été acceptée à 50,6%
Les votations fédérales ont lieu ce dimanche 25 septembre 2022. Revivez les éléments forts de cette journée.
Notre direct sur les résultats des votations fédérales de ce dimanche 25 septembre 2022 est désormais terminé. Merci de l'avoir suivi avec nous. Voici les principaux points à retenir:
La retraite des femmes à 65 ans a été acceptée à 50,6%;
Le financement additionnel de l'AVS a été accepté à 55,1%;
L'initiative sur l'élevage intensif a été refusé à 62,9%;
La loi sur l'impôt anticipé a été refusé à 52%.
Pour l’Union syndicale suisse, le «oui» à la hausse de l’âge de la retraite des femmes risque de creuser un profond fossé dans le pays, la société et entre les sexes. La droite estime elle qu’on peut désormais s’attaquer à la réforme de la prévoyance professionnelle.
La «gauche» pourra montrer «si elle est prête à négocier», a écrit l’Union suisse des arts et métiers (USAM) sur Twitter. Son directeur Hans-Ulrich Bigler estime que le «oui» de dimanche permet de faire un pas pour assurer la santé financière de l’assurance-vieillesse, aussi salué par l’Union patronale suisse.
Economiesuisse se félicite de l’acceptation de la réforme, «la première depuis un quart de siècle». Mai «il est clair» à ses yeux que d’autres réformes structurelles seront inévitables afin de stabiliser l’AVS à moyen terme. Ces réformes doivent désormais être lancées.
La réforme de l’AVS ne garantit pas seulement les rentes, mais permet aussi un départ à la retraite flexible, a dit Monika Rühl, directrice d’Economiesuisse. Un aspect que le conseiller national François Pointet (PVL/VD) met aussi en avant: «nous sommes conscients que les conditions de travail ne sont pas les mêmes selon les métiers.»
Pour la vice-présidente de l’UDC Suisse Céline Amaudruz, le oui aux deux projets concernant l’AVS est une victoire des femmes bourgeoises. Une première étape pour la pérennité de l’AVS a été franchie. Celles-ci se disent prêtes à s’engager dans la révision de la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP).
Les Jeunes PLR veulent aller plus loin
Si le PLR salue cette victoire d’étape, les Jeunes libéraux-radicaux veulent déjà aller plus loin. «L’AVS sera bientôt à nouveau soumise à une forte pression, à partir de 2029, date à laquelle l’effet stabilisateur d’AVS21 s’estompera», écrivent-ils dans un communiqué.
«Le Conseil fédéral et le Parlement ne peuvent pas se permettre de rester inactifs pendant encore un quart de siècle», estime Matthias Müller, président des Jeunes libéraux-radicaux suisses.
Quelques représentants du Centre, aussi favorables à la réforme, se disent prêts à s’engager en faveur de l’égalité salariale, comme la conseillère aux Etats Marianne Maret (Centre/VS). Elle juge la loi adoptée par le Parlement, limitant le contrôle du salaire des femmes aux seules grandes entreprises, comme «frileuse et irrespectueuse».
Une décision clivante
Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse (USS) et l’un des leaders du comité référendaire, a souligné le fort clivage entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Le matin même, il ne s’attendait pas à un résultat aussi serré.
«On savait que les résultats seraient meilleurs en Suisse romande, mais même en Suisse alémanique, le non à la réforme de l’AVS remporte des suffrages. Manifestement les femmes ont voté sur ce projet», a poursuivi le politicien.
Pierre-Yves Maillard craint que le vote de dimanche, outre un «Röstigraben» plus prononcé, ne renforce les tensions entre les hommes et les femmes ainsi qu’entre les couches sociales.
«La politique du Conseil fédéral a divisé le pays avec la réforme de l’AVS. Cela laissera des traces profondes. Le résultat extrêmement serré qui se dessine après une campagne de votation aussi déséquilibrée montre que régler les problèmes financiers de l’AVS en augmentant l’âge de la retraite des femmes n’est pas une solution d’avenir», a déclaré le conseiller national (PS/VD).
Appel des femmes de gauche
Les femmes de gauche appellent à une manifestation lundi à Berne ainsi qu’à une nouvelle Grève des femmes en juin 2023. «Nous sommes en colère. Le oui dimanche n’est pas seulement un grand pas en arrière en matière d’égalité, c’est une gifle pour toutes les femmes», ont indiqué les femmes socialistes.
«Les femmes qui ne comptent que sur l’AVS pour vivre à la retraite paient le prix fort de cette réforme. Elles n’ont pas les moyens de prendre une retraite anticipée et certaines d’entre elles finiront leur vie professionnelle au chômage ou en arrêt pour des raisons de santé», a dit Léa Ziegler, militante neuchâteloise et responsable de la communication du syndicat des services publics (SSP) à Keystone-ATS.
La conseillère nationale Léonore Porchet (Verts/VD) a relativisé la portée du succès des partis bourgeois. Une victoire écrasante, telle que ces derniers le prédisaient, n’a pas eu lieu. Pour la vice-présidente de Travail.suisse, il sera maintenant intéressant de voir comment les partis bourgeois mettront en œuvre les promesses faites lors de la campagne de votation.
Pour le PS Suisse, il faut trouver maintenant une solution pour les rentes trop basses, qui s’élève en moyenne à 1’800 francs par mois. Il n'est pas possible de vivre avec cela.
L’élevage intensif des animaux de rente ne sera pas interdit en Suisse. Le peuple a rejeté dimanche l’initiative populaire «Non à l’élevage intensif» par 62,9% des voix. Seul le canton de Bâle-Ville a dit «oui» à ce durcissement des règles.
En Suisse romande, le refus a été particulièrement net en Valais, avec 76,1%, à Fribourg (72,9%) et dans le Jura (72,4%). Vaud (65,6%) et Neuchâtel (63,9%) ont été un peu moins sévères. Le Tessin rejette également l’initiative, à près de deux contre trois.
Appenzell Rhodes-Intérieures est le champion du «non» avec 78,4% des voix, suivi d’Obwald avec 76,3% et de Schwyz avec 74,9%. Berne a aussi refusé par 61,5%.
Comme on a pu l’anticiper durant la campagne de votation, le texte a fait de meilleurs scores dans les zones urbaines. A Genève, le soutien à l’initiative a grimpé à près de 48%. Le même scénario s’est produit à Zurich (46,6%), alors que seule Bâle-Ville a dit «oui», par 55,2% des voix.
Au total, environ 1,8 million de personnes ont refusé l’initiative. Le camp du «oui» a lui réuni un peu plus d’un million de votes.
Moins de viande
Le texte voulait améliorer le bien-être animal en ancrant des normes bio dans la Constitution, et interdire les importations d’aliments qui ne seraient pas aux standards suisses. Lancée par une organisation antispéciste alémanique, l’initiative «Non à l’élevage intensif» était soutenue par la Fondation Franz Weber, des organisations comme Greenpeace et Bio Suisse, et une large partie de la gauche et des Vert’libéraux.
Au-delà des aspects éthiques et du rapport aux animaux, la cible affichée du texte était la consommation de viande en Suisse, beaucoup trop élevée aux yeux des initiants. Les initiants ont aussi livré à plusieurs reprises un plaidoyer en faveur des petites exploitations.
Prix en hausse
Confrontée à ces attaques, l’industrie agro-alimentaire a sorti l’artillerie lourde. En cas de «oui», le nombre d’animaux de rente aurait chuté drastiquement, entraînant une forte diminution de la production de viande. Les prix auraient pris l’ascenseur, selon ces milieux, soutenus par la droite et le centre.
Le Conseil fédéral avait lui mis en garde contre un texte qui s’attaquerait frontalement aux accords internationaux que la Suisse a signés auprès de l’OMC et avec ses partenaires économiques, notamment l’UE. La Suisse possède en outre déjà la législation la plus stricte au monde en matière d’élevage, selon le gouvernement.
La campagne a été moins agressive qu’en 2021, lors du vote sur les initiatives anti-pesticides. Certains paysans en faveur de l’initiative ont toutefois témoigné de leur crainte de militer à visage découvert, et des vols d’affiches appelant à voter «oui» ont été signalés. Ces derniers jours, des vidéos d’activistes tournées clandestinement dans des élevages de porcs ont fait surface sur les réseaux sociaux, ravivant la polémique.
Les obligations continueront à être soumises à l’impôt anticipé. Les Suisses et les Suissesses ont refusé dimanche à 52% un nouvel allègement fiscal pour les entreprises.
Le «non» a été porté par les cantons romands et urbains. Avec 64% d’opposition, le Jura a mené la fronde. Il est suivi de près par Neuchâtel (61,3%), Bâle-Ville (59,5%) et Genève (58,5%).
Les Fribourgeois (56%) et les Vaudois (53,1%) sont plus retenus dans leur rejet, alors que les Valaisans (51%) n’ont enterré le projet que du bout des lèvres. Berne et Zurich se rangent également derrière les référendaires, avec 57,8% et 51,7% d’opposants.
Sans surprise, les cantons fiscalement avantageux pour les entreprises ont plébiscité l’abolition partielle de l’impôt anticipé. Nidwald a approuvé la réforme par 62,7% et Zoug par 62,6%. Appenzell Rhodes-Intérieures (60,3%), Obwald (58,9%) et Schwyz (56,7%) n’arrivent pas loin.

Au total, quelque 1,3 million d’électeurs ont glissé un bulletin favorable dans les urnes. Les référendaires ont quant à eux convaincu un peu plus de 1,4 million de personnes.
Conserver les recettes actuelles
Quelques mois seulement après avoir refusé la suppression du droit de timbre d’émission sur le capital, le peuple inflige ainsi une nouvelle défaite à Ueli Maurer. Le ministre des finances, soutenu par la majorité bourgeoise du Parlement, plaidait pour l’abolition de l’impôt anticipé sur les nouvelles obligations.
Abandonner cette spécificité suisse permettrait de rapatrier une partie du marché obligataire en terres helvétiques, pointait le Zurichois. Des emplois seraient créés. L’économie croîtrait. Et les recettes fiscales augmenteraient de plusieurs centaines de millions.
Une analyse réfutée par la gauche, les syndicats et même certains économistes. Une suppression d’impôt n’a jamais mené à une hausse des recettes. Les pertes seront en revanche certaines. Elles pourraient aller jusqu’à 800 millions de francs par an si les taux d’intérêt augmentent à nouveau, ont-ils souligné pendant la campagne.
Le flou autour de l’impact financier de la réforme peut avoir poussé plus d’un votant à déposer un «non» dans les urnes. Avant même la votation, la section jurassienne du PLR avait d’ailleurs recommandé de suivre cette voie, préférant conserver les recettes fiscales actuelles plutôt que s’aventurer dans l’inconnu. Pas étonnant que le canton arrive en tête des opposants.
Les idées pour assainir les finances de l’AVS ne se tarissent pas. L’Union syndicale suisse (USS) voudrait utiliser des fonds de la BNS pour soutenir le 1er pilier. Les jeunes PLR de leur côté proposent une augmentation de l’âge de la retraite.
L’USS demande que les bénéfices exceptionnels de la BNS reviennent, en partie, à l’assurance sociale. Les syndicats estiment le potentiel de distribution de la BNS de 8 à 10 milliards de francs par an.
Une fois déduits les 6 milliards pour les cantons et la Confédération, il resterait entre 2 et 4 milliards par an pour l’AVS. L’idée avait déjà été proposée dans le cadre d’AVS21, mais avait été rejetée par une majorité du Parlement.
L’apport de la BNS permettrait de financer la 13e rente AVS que les syndicats souhaitent introduire. L’initiative demande le versement d’une rente de vieillesse supplémentaire, du même montant que la rente AVS perçue chaque mois. Cela correspond à une hausse mensuelle des rentes de 8,33%.
Le montant de la 13e rente serait déterminé par les années de cotisations, les revenus d’une activité lucrative et les bonifications pour tâches éducatives ou d’assistance. Le projet permettrait une hausse de 99 francs de la rente AVS minimale, de 197 francs pour la rente AVS maximale et de 296 francs pour la rente maximale des couple. Leur initiative pour cette rente supplémentaire a déjà abouti.
Retraite à 66 ans?
Les Jeunes PLR proposent une augmentation de l’âge de la retraite à 66 ans. Il devrait ensuite être lié à l’évolution de l’espérance de vie.
La retraite à 66 ans devrait être atteinte en 2032. Sur la base des prévisions démographiques de la Confédération, la retraite à 67 ans arriverait en 2043 et celle à 68 ans en 2056. L’âge de la retraite devrait être connu cinq ans avant la sortie du monde du travail. Ce mécanisme permettrait de passer 20% de sa vie à la retraite.
La loi fédérale sur l’assurance vieillesse et survivants (AVS) est entrée en vigueur en 1948. Elle a déjà vécu dix révisions. De nombreuses tentatives ont échoué soit au Parlement, soit devant le peuple. La onzième révision a été adoptée ce dimanche. Aperçu.
Le principe de l’assurance vieillesse et survivants a été accepté en votation populaire le 6 décembre 1925. Mais il a fallu du temps pour que l’AVS se concrétise. Un premier projet a été refusé dans les urnes en 1931. Ce n’est qu’après la guerre que l’assurance est devenue réalité. Une loi a été adoptée par le Parlement en 1946 avant d’être avalisée en 1947 par le peuple et d’entrer en vigueur en 1948.
L’âge de la retraite était alors fixé à 65 ans pour tout le monde. Une rente de couple était octroyée lorsque l’époux atteignait 65 ans et son épouse 60 ans.
Jusqu’au début du siècle, les réformes ont apporté de nombreux bénéfices aux rentiers. Les rentes ont constamment été relevées. En 1957, l’âge de la retraite des femmes passe de 65 à 63 ans. La limite a été abaissée à 62 ans en 1964.
Heurts
Au cours des vingt dernières années, plusieurs tentatives ont fait chou blanc. La détérioration des conditions de retraite était trop importante.
La dernière révision de l’AVS remonte à 1997. Elle a permis l’introduction de la rente individuelle et la bonification pour les tâches éducatives et d’assistance. La rente de veuf a été introduite lors de cette réforme.
L’âge de la retraite des femmes a été progressivement relevé à 63 ans en 2002 puis à 64 ans en 2005. Ces deux derniers relèvements, décidés dans le cadre de la 10e révision de l’AVS, ont été âprement combattus par les syndicats via trois initiatives populaires. Elles ont toutes été rejetées par le souverain. Une quatrième tentative de l’Union syndicale suisse pour une retraite flexible dès 62 ans a également été balayée par 58% des votants en 2008.
Echec de la 11e révision
La onzième révision de l’AVS a échoué à deux reprises. Une première tentative a été coulée dans les urnes par plus de deux tiers des Suisses en 2004. Le projet prévoyait le relèvement de l’âge de la retraite des femmes de 63 à 65 ans et des restrictions pour les rentes de veuves. Le relèvement de la TVA en faveur de l’AVS et de l’AI a été rejeté en même temps.
La nouvelle mouture de la onzième révision a été sabordée par le National en 2010. Le projet prévoyait à nouveau l’uniformisation de l’âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et les femmes et un assouplissement de l’anticipation et de l’ajournement de la retraite. Il traitait également des retraites anticipées pour les personnes aux ressources financières modestes.
Trop complexe, la première révision conjointe des deux piliers (AVS et prévoyance professionnelle) a connu le même sort en 2017. A nouveau, le relèvement de l’âge de la retraite des femmes a été la pierre d’achoppement du projet. Egalement prévu dans ce projet, le relèvement de la TVA a échoué pour 2357 voix, soit le résultat le plus serré de toutes les votations fédérales.
En 2019, les caisses de l’AVS ont connu un répit. Le projet de réforme fiscale (RFFA) qui prévoyait un financement additionnel de 2 milliards en faveur de l’assurance sociale a apporté une contribution essentielle à la sécurité des rentes. La nouvelle réforme de l’AVS, qui prévoit l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans et une hausse de la TVA, a été adoptée dimanche.
Initiatives à la peine
Les initiatives populaires n’ont pas connu meilleure fortune que les projets du Conseil fédéral. Le 25 septembre 2016, le peuple a rejeté à 59,4% l’initiative populaire «AVSplus: pour une AVS forte» des syndicats et de la gauche qui voulait augmenter les rentes AVS de 10% via un relèvement des cotisations.
Les autres votations fédérales ont porté sur le financement de l’assurance vieillesse. L’initiative des Verts pour taxer l’énergie et non le travail pour financer l’AVS a été repoussée en 2001, comme celle du PEV et de la gauche visant à recourir à une imposition fédérale sur les successions en 2015.
Entre les deux, un grand débat a été mené en relation avec la Banque nationale. Une initiative de l’UDC visant à donner 21 milliards de francs issus d’une vente d’or à l’AVS a été rejetée en 2002 en même temps que le compromis proposé par le Parlement. L’AVS a tout de même obtenu les 7 milliards attribués à la Confédération.
La gauche et les syndicats ont relancé en mai l’idée de renflouer les caisses de l’AVS grâce aux bénéfices de la BNS.
Le paquet de la réforme des retraites ficelé par le Parlement vise à assurer l’équilibre financier de l’AVS tout en assurant les rentes. L’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans en est le principal élément.
La hausse doit se faire en quatre étapes de trois mois de travail supplémentaire chacune, dès l’année suivant l’entrée en vigueur de la réforme. Cette mesure permettra à l’AVS d’économiser 9 milliards de francs sur dix ans.
Pour atténuer les effets pour les femmes proches de la retraite, un régime de compensation est prévu. La période de transition couvre neuf années. Si la réforme entre en vigueur en 2024, les compensations iront aux femmes nées entre 1961 et 1969.
Suppléments variables
Les concernées qui prendront leur retraite dès l’âge de référence (65 ans) auront droit à un supplément à vie. Dans le détail, le supplément mensuel sera de 160 francs pour les femmes avec un revenu annuel déterminant jusqu’à 57’360 francs, 100 francs jusqu’à 71'700 francs et 50 francs dès 71'701 francs. Les montants décidés en fonction du salaire visent surtout à aider les bas revenus pour qui l'AVS est importante.
Le montant de ces suppléments sera différent en fonction de l’année de naissance et donc de la proximité de la retraite au moment de l’entrée en vigueur de la réforme. Pour les femmes qui prendront leur retraite ordinaire à 64 ans et 3 mois, le supplément sera de 25%, soit entre 12,50 et 40 francs; il sera de 50% pour celles qui seront à la retraite à 64 ans et 6 mois et de 75% pour celles qui auront 64 ans et 9 mois.
Celles nées les deux années suivantes recevront un supplément complet et les quatre dernières années concernées toucheraient à nouveau un supplément réduit allant de 81% à 25% en fonction de l’année de naissance.
Le supplément sera octroyé en dehors du système de rente AVS. Il n’est donc pas soumis au plafonnement des rentes pour les femmes mariées. En outre, le supplément ne sera pas pris en compte dans le calcul de la rente complémentaire. Cela ne péjorera ainsi pas la situation des plus petits revenus.
Quant à la retraite anticipée, les femmes pourront la prendre deux ans avant l’âge de référence, soit dès 63 ans. Les rentes anticipées des femmes de la génération transitoire, qui pourront encore prendre une retraite dès 62 ans, seront moins fortement réduites qu’actuellement.
Les taux de réduction de la rente varieront: plus une femme quittera tôt le marché du travail, plus elle sera pénalisée. Ce taux prend aussi en compte le montant du revenu.
Les femmes avec un revenu inférieur à 57'300 francs pourront ainsi continuer de prendre leur retraite à 64 ans sans diminution de rente. Mais pour un revenu entre 57'300 francs et 71'700 francs, il faudra compter avec un taux de réduction de 2,5% à 64 ans, 4,5% à 63 ans et 6,5% à 62 ans. Pour les revenus dès 71'700 francs, ces taux seront respectivement de 3,5%, 6,5% et 10,5%.
Le modèle de compensations finalement retenu occasionnera un coût de 3,252 milliards de francs de 2024 à 2032. Cela correspond à environ un tiers des économies réalisées grâce à la hausse de l’âge de la retraite.
Flexibilité
Le projet permettra également à tous les travailleurs de partir à la retraite de manière plus flexible entre 63 et 70 ans. Le passage progressif de la vie active à la retraite sera facilité grâce à la possibilité d’anticiper ou d’ajourner une partie de la rente.
Les personnes encore actives après 65 ans pourront encore cotiser à l’AVS. Le choix leur est laissé d’appliquer ou non la franchise actuelle de 1400 francs par mois. Ces cotisations seront prises en compte lors du calcul de la rente.
Augmentation de la TVA
Le taux de TVA sera augmenté, toujours pour couvrir les besoins financiers de l’AVS. Il passera de 7,7 à 8,1% pour le taux normal et de 2,5 à 2,6% pour les produits de première nécessité et de 3,7 à 3,8% pour l’hôtellerie. Cette mesure devrait rapporter environ 1,4 milliard par an, soit 12,4 milliards d’ici 2032. Le paquet AVS21 permettra lui d’économiser 4,9 milliards. Au total, ces deux projets rapporteront 17,3 milliards sur dix ans.
La double majorité est nécessaire pour augmenter la TVA. De plus, cette hausse ne peut entrer en vigueur que si le peuple accepte les autres mesures, et vice-versa.
Les femmes travailleront jusqu’à 65 ans, comme les hommes. Les Suisses ont soutenu dimanche la réforme de l’AVS. Mais à seulement 50,6%. Le résultat s’est joué à quelques dizaines de milliers de voix.
Au final, ce sont les votes de Zurich, arrivés peu après 17h, qui ont été déterminants pour la victoire du oui. Le financement par la TVA a quant à lui passé le cap par 55%. Un «Roestigraben» s’est dessiné entre les cantons romands, qui ont refusé la réforme, et les cantons alémaniques.
Un non sec des Romands
Les Jurassiens sont les champions du non. Ils ont rejeté l’augmentation des retraites par 70,9%. Suivent ensuite Neuchâtel et Genève qui ont refusé de faire travailler les femmes plus longtemps par 64,5, respectivement 62,8%. Les Vaudois et les Fribourgeois disent aussi clairement non par 62,1%, respectivement 60,5%.
Le Valais refuse également l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes par 55%. C’est toutefois le seul canton romand qui a soutenu le financement additionnel par la TVA à 50,4%. Les Tessinois suivent également ce modèle avec 57% de non pour l’âge de la retraite mais un petit oui pour la TVA.

A l’exception de Bâle-Ville et de Schaffhouse, l’ensemble des cantons alémaniques ont accepté la réforme. Berne s’est laissé convaincre de justesse, avec 50,4% en faveur du relèvement de l’âge de la retraite. Zurich dit oui par 55,8%. Zoug et Nidwald sont les plus fervents défenseurs de la réforme, avec plus de 65% de oui aux deux pans en votation.
Au total, quelque 1,44 million d’électeurs ont glissé un bulletin favorable au relèvement de l’âge de la retraite des femmes (1,57 million pour la TVA). Le camp du non a réuni environ 1,41 million de votes contre une retraite à 65 ans et 1,28 contre la TVA. La participation s’est élevée à 51,5% des votants.
25 ans sans réforme
Après trois échecs, l’AVS sera réformée. Hommes et femmes prendront une retraite ordinaire à 65 ans, soit un an de travail supplémentaire pour les femmes. Afin de faire passer la pilule, des compensations de 12,50 à 160 francs en fonction du revenu sont prévues pour les femmes proches de la retraite au moment de l’entrée en vigueur du projet.
Parallèlement, le taux de la TVA sera augmenté. Au total, ces deux pans de la réforme permettront d’alléger les finances du premier pilier de 17,3 milliards d’ici 2032. Tous deux devaient être acceptés pour que la réforme passe.
Estimant que cette réforme se faisait uniquement sur le dos des femmes, les syndicats et la gauche ont lancé le référendum. C’est finalement le camp bourgeois, opposé au dernier projet de réforme, qui remporte la manche.
Après le «oui» à la hausse de l’âge de la retraite des femmes dimanche, les femmes de gauche appellent à une manifestation lundi à 12h à Berne et à une nouvelle Grève des femmes en juin 2023. Les femmes paysannes plaident pour davantage d’égalité.
«Nous sommes en colère. Le oui d’aujourd’hui à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes n’est pas seulement un grand pas en arrière en matière d’égalité, c’est une gifle pour toutes les femmes. Nous ne laisserons pas passer ce résultat», ont indiqué les femmes socialistes dans un communiqué dimanche.
«Les femmes qui ne comptent que sur l’AVS pour vivre à la retraite paient le prix fort de cette réforme. Elles n’ont pas les moyens de prendre une retraite anticipée et certaines d’entre elles finiront leur vie professionnelle au chômage ou en arrêt pour des raisons de santé», a dit la militante neuchâteloise Léa Ziegler, responsable de la communication du syndicat des services publics (SSP), à Keystone-ATS.
Economiser sur le dos des femmes
«Nous avons pu constater une fois de plus à quelle vitesse on économise sur le dos des femmes et contre leur volonté. Notre mobilisation commence aujourd’hui pour une grève le 14 juin», a déclaré Lirija Sejdi du collectif bernois de la Grève des femmes dans un communiqué.
De son côté, l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF) juge primordial de poursuivre sans relâche les efforts pour assurer une véritable égalité entre hommes et femmes. Il s’agit en particulier d’assurer l’égalité des salaires et une meilleure conciliation entre la famille et l’activité professionnelle.
L’accès au travail à temps partiel pour les hommes est un autre thème important pour cette organisation. Celle-ci attend du Parlement des améliorations claires dans le cadre de la réforme de la LPP.
Les femmes paysannes plaident encore pour une valorisation du travail de «Care» encore majoritairement effectué par les femmes et une répartition équitable des rôles pour l’accomplissement de ces tâches.
Le refus de l’initiative contre l’élevage intensif dimanche est un «signal fort» en faveur des agriculteurs, selon les opposants. Les initiants parlent eux de victoire malgré tout et se félicitent d’avoir pu ouvrir le débat sur l’élevage intensif et la consommation de viande.
«Le travail que nous faisons comme agriculteurs est reconnu», a déclaré Daniel Würgler, président de GalloSuisse, sur la RTS. Il a avoué que ce n’était pas facile d’être «attaqué alors qu’on fait de notre mieux pour le bien-être animal». Et de rappeler que la population peut déjà acheter des produits labellisés qui attestent d’une production respectueuse.
La conseillère nationale Simone de Montmollin (PLR/GE) a estimé que l’initiative visait les agriculteurs déjà soumis à des exigences très strictes et déjà soucieux du bien-être animal, alors que c’est une question sociétale qui touche tous les maillons de la chaîne de valeur. Le texte «prenait le problème par le mauvais bout», a déclaré la Genevoise.
Elle s’est encore félicitée que son canton ait refusé le texte: «Même dans les milieux urbains, on était d’accord sur le fait que l’initiative n’apportait pas les changements souhaités par les initiants.» Les votants ont reconnu que l’initiative était «inutile», a complété l’Union suisse des arts et métiers.
Une acceptation aurait eu des conséquences très négatives pour les paysans et la production alimentaire en Suisse, a appuyé Martin Rufer, directeur de l’Union suisse des paysans et membre de la présidence du comité opposé à l’initiative, à la télévision alémanique SRF. La population a ainsi montré son attachement à l’élevage qui fait partie du paysage de notre pays, a estimé l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales.
Une victoire quand même
Dans le camp adverse, Vera Weber a estimé qu’il s’agissait d’une victoire malgré le refus de l’initiative. La présidente de la Fondation Franz Weber a salué le fait que le texte ait permis à la Suisse de discuter de la problématique de l’élevage intensif et de la consommation de viande.
Vera Weber s’est félicitée sur la RTS qu’une partie des votants veuillent faire davantage pour le bien-être des animaux. Et d’indiquer qu’elle n’arrêtera pas son combat pour promouvoir la consommation de protéines végétales à la place de la viande.
Les éleveurs bio continueront quand même sur le chemin du bien-être animal, a relevé Bio Suisse dans un communiqué. Et d’ajouter «qu'après le bulletin de vote, les consommateurs peuvent encore voter avec la liste des commissions».
«Occasion manquée»
Contacté par Keystone-ATS, Philipp Ryf, directeur du comité d’initiative, a lui plutôt parlé «d’occasion manquée». Les initiants n’ont pas réussi à démontrer qu’une acceptation de leur texte aurait profité à l'agriculture, qui aurait eu une période transitoire de 25 ans pour se reconvertir.
«La dignité de l’animal inscrite dans la Constitution reste une promesse hypocrite qui ne répond pas aux besoins des animaux», a réagi dans un communiqué l’organisation alémanique Sentience. Elle prédit que l’élevage intensif continuera à préoccuper la Suisse à l’avenir.
«C’était un combat de David contre Goliath», a encore souligné M. Ryf, rappelant que le camp adverse avait beaucoup plus de moyens financiers. Dans un communiqué officiel, le comité d’initiative trouve que la grande distribution a désormais une responsabilité à assumer, pour que «leurs images publicitaires coïncident enfin avec la réalité».
Les milieux agricoles doivent aussi être prêts à discuter, selon la conseillère nationale Léonore Porchet (Vert-e-s/VD). «Ce n’était pas un combat contre le monde paysan, mais contre l’industrie agro-alimentaire qui met une énorme pression sur les éleveurs», a-t-elle déclaré sur la RTS.
Le conseiller communal PLR Vincent Arlettaz plaisante sur la lenteur du canton de Zurich pour donner les résultats des votations fédérales.
Le PLR s'est exprimé dimanche sur les résultats des votations fédérales.
L'Unia réagit dimanche à l'annonce des résultats sur l'AVS 21.
Léonore Porchet commente le résultat de la votation sur l'AVS 21.
Un internaute exprime son soucis face à l'AVS 21.
Le journaliste de données Duc-Quang Nguyen analyse les différence entre les villes et les campagnes pour l'initiative contre l'élevage intensif.
Les résultats finaux des votations fédérales du canton de Vaud sont sortis.
La conseillère nationale Léonore Porchet revient sur cette journée de votations fédérales.
Les citoyens bernois n’ont pas voulu accorder le droit de vote aux jeunes dès 16 ans. Cette extension des droits politiques a été rejetée dimanche par 67,2% des votants. Glaris reste donc le seul canton avec le droit de vote à 16 ans.
Les dix arrondissements ont rejeté cet élargissement des droits politiques. Le non l’a emporté par 263’401 voix contre 128’630. Le rejet le plus faible a été enregistré dans l’arrondissement de Berne-Mittelland avec 58,7% des votants. Dans le Jura bernois, le non s'est élevé à 64,2%. La participation s'est élevée à 52,9%.

Cette modification de la Constitution prévoyait que les jeunes soient autorisés à voter dès 16 ans tant au niveau cantonal que communal. Ils n’auraient toutefois pu être élus à une fonction politique qu’à l’âge de 18 ans comme actuellement.
Les adversaires de la suppression de l’impôt anticipé sur les obligations «ont réussi à faire peur», estime le conseiller national Olivier Feller (PLR/VD). L’échec du projet est aussi lié à sa complexité.
«Les opposants ont réussi à faire peur à la population avec des arguments démagogiques», déplore auprès de Keystone-ATS celui qui est aussi membre de l’alliance pour la réforme de l’impôt anticipé. Il cite notamment des pertes de recettes fiscales fortement grossies ou une réforme qui favoriserait soi-disant la fraude fiscale.

Olivier Feller remarque tout de même un rejet moins net que pour la votation sur la suppression du droit de timbre d’émission. Une partie de la classe moyenne votant habituellement au centre-droit a sans doute estimé que l’on a déjà fait beaucoup pour l’économie et la place économique et qu’il est temps de faire quelque chose pour les personnes, analyse le Vaudois.
Pour la droite, le centre et les milieux économiques, il s’agit d’à nouveau réussir à montrer qu’une économie prospère est favorable au bien commun. Le prochain enjeu est maintenant celui de la mise en œuvre de la réforme fiscale de l’OCDE, fondamentale pour l’économie suisse. «Nous n’avons pas le droit d’échouer», alerte Olivier Feller.
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