Les trois grands défis qui attendent Cassis
Le Tessinois succédera à Didier Burkhalter aux Affaires étrangères. Il devra relever plusieurs défis, dont le règlement du dossier européen et le choix de sa garde rapprochée.

Le Conseil fédéral accouche d'une souris. Pas de grand chambardement, tout le monde reste gentiment dans son fauteuil.

Le nouvel élu, Ignazio Cassis, enfile les mocassins de son prédécesseur Didier Burkhalter et devient ministre du Département des affaires étrangères (DFAE) dès le 1er novembre. Quels chantiers le conseiller fédéral tessinois va-t-il découvrir en s'installant dans l'aile ouest du Palais fédéral? Suivez le guide.
1 – Sortir du bourbier européen et consolider les Bilatérales
La Suisse est depuis quelques années plongée dans un bourbier européen. Elle n'arrive pas à consolider et développer ses relations bilatérales avec l'UE grâce à un accord institutionnel. Ce dernier est attaqué préventivement par l'UDC qui, vent debout, vitupère contre «ce traité colonial et ses juges étrangers». Ignazio Cassis veut «décontaminer» ce dossier. Comment? En appuyant, selon ses propres mots, sur le bouton «reset». On réexamine donc tout le dossier. Et on change de terminologie. Exit l'appellation «accord-cadre» qui fait croire qu'on s'arrime à l'UE, bonjour le «règlement». Pas question non plus que la Cour européenne de justice règle seule les litiges car un pouvoir trop grand serait donné aux fameux «juges étrangers». Le ton de Cassis tranche avec celui de Burkhalter mais sur le fond, le Tessinois n'est pas très éloigné de ce que déclare déjà une Doris Leuthard. Cette dernière essaie d'aboutir à un accord avec l'UE avant la fin de l'année. Cassis, lui, affirme que la Suisse a tout le temps pour conclure un accord. Il va devoir accorder ses violons avec le collège et surtout définir un cap lisible pour la population. Premier test: le déblocage ou non du milliard suisse pour le fonds de cohésion européen.
2 – Garder ou écarter la secrétaire d'Etat Pascale Baeriswyl
S'il y a une nomination particulièrement contestée au DFAE, c'est celle de la secrétaire d'Etat Pascale Baeriswyl. Cette dernière, qui est de facto le No 2 du Département, a été choisie par Didier Burkhalter six mois avant l'annonce de sa démission. Ce choix avait fait jaser car la haute fonctionnaire, qui est socialiste et proeuropéenne, avait grillé la politesse à des candidats plus capés. La Weltwochea révélé récemment que, contrairement à ce qu'affirmait Burkhalter devant la presse, Pascale Baeriswyl n'était pas «la meilleure et de loin» si on regarde les examens (assessments) qu'ont dû subir les candidats. Il sera intéressant de voir si Cassis appuie là aussi sur le bouton «reset» ou s'il préfère la continuité. Outre la question du secrétaire d'Etat, Cassis devra choisir sa garde rapprochée. Conservera-t-il le secrétaire général Benno Bättig et l'expérimenté chef de la communication Jean-Marc Crevoisier? Et qui prendra-t-il comme conseillers personnels? Des questions à régler rapidement pour avoir un Département où il se sent bien.
3 – Resserrer ou non les budgets de la Coopération internationale
Didier Burkhalter a fait passer devant le parlement avec l'appui du centre gauche un plan quadriennal 2017-2020 qui voit une augmentation des crédits en faveur de l'aide au développement. Elle pourra compter sur plus de 11 milliards. Grosse opposition à droite qui voulait raboter cette enveloppe. Ignazio Cassis osera-t-il toucher à ce secteur? C'est la crainte à gauche. Lors des auditions devant les groupes, le Tessinois aurait affirmé – qu'à part l'armée et l'agriculture – il n'avait aucun tabou. «La politique budgétaire du nouveau Conseil fédéral sera un enjeu crucial et un risque, reconnaît Lisa Mazzone (Verts/GE). J'attends de juger sur pièce.» Au PDC, certains ont peur que de nouvelles économies touchent la Direction du développement et de la coopération. Mais ce n'est pas tout. Alors que l'aide au développement devrait atteindre ces prochaines années 0,5% du PIB, d'autres s'inquiètent d'un transfert des montants destinés à ce secteur vers des crédits pour l'aide aux réfugiés. «Ce serait un calcul indécent, prévient Manuel Tornare (PS/GE). Nous verrons alors s'il a pris des engagements vis-à-vis de l'UDC.» Ignazio Cassis restera-t-il indépendant. C'est la question que beaucoup se posent. Laurent Wehrli (PLR/VD) rassure. «Ignazio Cassis a toujours été sensible à la question de l'aide au développement. En tant que médecin, il a gardé des contacts avec ceux qui travaillent dans l'humanitaire. Il aura peut-être de nouvelles priorités, mais je ne le vois pas faire de coupes massives.»
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