Fidèle visiteurL’homme qui va tous les jours au Zoo de Servion
Habitant du Jorat, le retraité Jean-Luc Fatio a fait de ses visites un rituel. Une habitude touchante pour le directeur, qui se bat pour maintenir les lieux ouverts malgré le Covid.

2020 restera dans les annales du Zoo de Servion comme la première année où il a dû fermer ses portes au public. «Depuis l’ouverture en 1974, ça n’était jamais arrivé. Pas un seul jour!» confirme le directeur Roland Bulliard. Mais le coronavirus a été plus fort que tout ce que le site avait traversé jusque-là. Résultat, trois mois de fermeture ce printemps et une semaine début novembre, le temps de tout adapter pour rendre la visite Covid-compatible. Et une fréquentation annuelle en baisse d’environ un quart, mais qui ne met pas la société en danger.
C’est plus émotionnellement que ça a été dur. Surtout pour les habitués, comme Jean-Luc Fatio, qui vient au zoo… tous les jours depuis six ans. «Depuis ma retraite, j’ai pris l’habitude de venir tous les matins boire le café, lire les journaux et faire un petit tour, explique cet ancien enseignant habitant Mézières, juste à côté. Comme j’aime bien quand il n’y a personne, ça me donne une raison de me lever. Les animaux ont des comportements beaucoup plus naturels quand le public n’est pas là. C’est donc devenu un rituel. Et quand c’était fermé, je passais au moins une fois par semaine dans l’espoir de croiser quelqu’un qui puisse me donner des nouvelles des animaux.»

«Ce cerf est fou. Le brame dure six semaines, mais chez lui c’est six mois!»
C’est donc avec soulagement que Jean-Luc Fatio a vu le site rouvrir ses portes il y a quelques jours; même si le restaurant et les bâtiments ne sont pas accessibles et que le port du masque est obligatoire sur tout le site. Il lui en reste toujours assez pour s’émerveiller. Un tour des lieux en sa compagnie se transforme d’ailleurs en visite guidée: «Salut Sidonie, lance-t-il en arrivant à l’enclos des sangliers. Il est où Stinky? Là, ce sont les ratons laveurs, mais avant 15 h, il ne faut même pas songer à les voir. Ah, écoutez le cerf qui brame! C’est un fou, lui. Dans la nature, le brame dure six semaines, mais chez lui, c’est six mois!»
Pour le directeur, de tels passionnés sont touchants: «Nous n’en avons qu’un seul qui vient tous les jours, mais plusieurs passent régulièrement, par exemple toutes les semaines. C’est gratifiant d’avoir des visiteurs avec un tel intérêt. Et puis ça peut être utile: comme ils connaissent bien les animaux et qu’ils prennent le temps de les observer, ils remarquent parfois des détails nous ayant échappé!»
Deux chantiers en cours
Avec ou sans visiteurs, le travail se poursuit toutefois. Parce que les animaux n’attendent pas et que le zoo cherche toujours à améliorer à la fois les conditions de détention de ses hôtes et le confort de ses visiteurs. Roland Bulliard et Jean-Luc Fatio – qui connaît également le nom de chaque employé – nous emmènent voir les chantiers en cours. Le premier se déroule dans l’enclos des lions. Le jeune couple arrivé cet été n’a pas encore pu être en mis en contact direct et les préliminaires se passent mal. «C’est normal, explique le visiteur de tous les jours, au sens propre. Si je les compare avec mes anciens élèves, c’est un ado qui roule des mécaniques face à une jeune fille jouant encore à l’élastique». Les gardiens sont donc en train de construire une séparation dans le parc extérieur pour que les deux puissent tranquillement s’apprivoiser en toute sécurité.
Dans un autre secteur, des charpentiers sont à l’œuvre. Ils construisent une longue passerelle couverte au-dessus de l’enclos des bisons. «J’ai pu obtenir la location d’une parcelle de 5000 m² contiguë à leur enclos, explique Roland Bulliard. Par contre, il était exclu d’y installer des infrastructures. Avec cette solution, les bisons disposeront d’une surface doublée et les visiteurs pourront mieux les voir!» Enfin, le zoo attend ces prochaines semaines l’arrivée d’une nouvelle femelle panthère des neiges. «On se réjouit, mais comme elle vient d’Italie, avec le Covid, c’est un peu compliqué!»

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