Livre jeunesse sur les oiseauxLisa Voisard marie son amour de la nature et du graphisme
Dans un bel ouvrage ludique et didactique, l’illustratrice vaudoise présente en détail 30 espèces à observer à la campagne comme en ville.

C’était un rêve d’enfance. Lisa Voisard a toujours voulu réaliser un livre. C’est chose faite avec «Ornithorama» (Éd. Helvetiq), un bel ouvrage à la fois esthétique, didactique et ludique accessible aux jeunes lecteurs dès 8 ans, dont elle signe à la fois les illustrations, les textes et la mise en page. Même la pimpante couverture arborant un étourneau sansonnet sur fond orange doit tout à son œil de graphiste, un métier qu’elle exerce à temps partiel dans une agence de communication.
En parallèle, la native d’Échallens installée à Lausanne a développé une activité plus personnelle d’illustratrice. Et voilà qu’en 2016, bien avant le confinement et l’intérêt accru qu’ont suscité les oiseaux qu’on entendait à nouveau, elle s’est prise de passion pour l’observation de ces acrobates ailés. Dans la nature où elle s’évade régulièrement, mais aussi en ville, près de chez elle. Notamment dans son endroit fétiche, sur la colline de Montriond.
«Petit à petit, je me suis focalisée sur les oiseaux, et comparer mes observations avec ce que je dénichais dans les livres est devenu une sorte de jeu, puis une vraie passion»
Ce vif intérêt l’a piquée alors qu’elle préparait une exposition qu’elle imaginait autour des animaux en général. «Pour l’expo j’ai commencé à beaucoup observer la nature. Petit à petit, je me suis focalisée sur les oiseaux, et comparer ce que je voyais avec ce que je dénichais dans les livres est devenu une sorte de jeu, puis une vraie passion. Et comme ce travail a été très bien reçu, j’ai eu envie d’aller plus loin.»
Dessins épurés et poétiques
Le résultat se présente sous la forme d’un grand ouvrage à la couverture cartonnée et aux belles pages aérées. Ce qui frappe d’abord, ce sont les illustrations très colorées, à la fois épurées et très précises. Artistique, le livre se veut aussi pratique. L’illustratrice a mis un point d’honneur à représenter les détails distinctifs de chaque espèce, comme le plumage tacheté de gouttes blanches du casse-noix moucheté.

Le livre présente trente oiseaux d’Europe. Taille, couleur des œufs, alimentation, spécificité des chants, mais aussi spécimens ressemblants, degré de difficulté d’observation ou habitudes de migration figurent parmi les informations mentionnées. «J’avais envie de mettre l’illustration au cœur du livre pour le côté poétique, tout en apportant un minimum de connaissances scientifiques.»
Si le contenu a été pensé pour être accessible dès 8 ans, en privilégiant un langage aux antipodes des sommes spécialisées, les plus grands apprendront à coup sûr quelque chose. «J’ai souhaité que cet ouvrage soit un compagnon pour toute la famille». Il aide ainsi à préparer une balade grâce au vade-mecum du parfait observateur, ou des suggestions ciblées par saison.

Pour réaliser ses dessins, l’illustratrice s’est basée sur ses propres observations des formes, des couleurs et des mouvements. On y retrouve ainsi le milan royal qui déploie sa majestueuse envergure, le faucon pèlerin qui plonge en piqué, ou la sittelle torchepot, «acrobate intrépide» qui s’agrippe tête en bas aux troncs d’arbres. «Un oiseau qu’on ne voit que rarement, mais quand on le connaît, on le repère.» Elle s’est aussi appuyée sur la lecture assidue d’encyclopédies, de photos et de vidéos. Images et textes ont par ailleurs été soumis à une ornithologue.
Observation en toute saison
Si elle a un message à faire passer, c’est prendre le temps de s’arrêter et d’observer. «Cela m’apaise et me force aussi à retourner à la réalité.» Et c’est possible où que l’on habite. «Même dans un cadre urbain, on trouve une grande diversité d’oiseaux.» Ce qui est devenu pour elle un véritable art de vivre ne s’arrête par ailleurs pas à l’approche de l’hiver. «Dans ce climat tempéré, la plupart des oiseaux trouvent de quoi se nourrir toute l'année et n'ont donc pas besoin de migrer.»

Et lorsque certaines espèces partent au sud pour l’hiver, d’autres viennent du nord, comme une multitude de canards arrivés de Scandinavie. «Je préfère d’ailleurs presque l’observation dans les périodes froides, car il y a moins de gens dehors et plus d’oiseaux, car ils sont moins dérangés.»
À observer notamment en ce moment: le geai qui commence ses réserves de graine pour l’hiver, les étourneaux qui se déplacent en grandes nuées lors de la migration, notamment au-dessus des vignobles, ou encore la pie bavarde à l’élégant plumage.
Chacun a des caractéristiques étonnantes: le premier est surnommé le «jardinier des forêts» car les glands qu’il enterre et qu’il ne retrouve pas donnent parfois naissance à des chênes, les seconds sont capables de reproduire toute sorte de sons, y compris celui d’un téléphone portable, tandis que la troisième, attirée par toute sorte d’objets brillants, crée de véritables cavernes d’Ali Baba dans son nid. Fascinant!
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