La démarche paraissait fondamentalement juste. L’opportunité ne demandait qu’à être saisie, étant ouverte à toutes les communautés religieuses dans le canton de Vaud. Il faut quand même saluer le courage de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM). Un courage qui flirte parfois avec la témérité. En déposant une demande de reconnaissance d’intérêt public, elle ne s’attendait sans doute pas à une promenade de santé, mais le nombre de cailloux semés sur sa route pose déjà question.
Engagée dans ce processus lourd et exigeant, la faîtière n’est pas seule à se demander à quoi bon. Candidats eux aussi, la Fédération évangélique vaudoise (FEV), les anglicans et les catholiques chrétiens sont à l’unisson dans leurs récriminations au Canton. Mais plus que les autres, l’UVAM a de quoi s’interroger sur ce qu’elle est venue faire dans cette galère.
«Il faut quand même saluer le courage de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM). Un courage qui flirte parfois avec la témérité.»
Dans ce journal, nous avons parlé des cailloux qui se logent dans ses propres souliers, soit les prédicateurs venus à la mosquée de Prilly malgré leurs positions contestables. La FEV aussi a été interpellée dans nos colonnes sur le thème délicat de la non-discrimination en matière d’orientation sexuelle. Demander une reconnaissance, c’est se placer volontairement sous la loupe, et éventuellement évoluer sur la base de questionnements constructifs. C’est là qu’est le courage des communautés candidates.
Dans cette démarche, l’UVAM est toutefois confrontée à des fronts hostiles qui lui corsent injustement la tâche. Des réseaux s’organisent pour cibler la faîtière vaudoise sur fond de rivalités religieuses. On en trouve dans les milieux évangéliques, comme le montre notre enquête, mais aussi au sein d’associations musulmanes rivales. La défiance diffuse face à l’islam a ses relais, qu’il faut résolument mettre en lumière.
Toutes les critiques visant l’UVAM ne sont pas sans fondement. Mais certains évangéliques oublient à bon compte que leurs valeurs peuvent aussi être débattues, par exemple en matière de droits LGBT. Ainsi, leur charge contre la faîtière musulmane vaudoise ne fait qu’exposer le débat peu loyal que doit subir l’islam pour quelques grammes de validation.
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Éditorial – L’islam mérite un débat à la loyale
L’Union vaudoise des associations musulmanes est visée par des réseaux évangéliques hostiles à sa demande de reconnaissance d’intérêt public. Cette charge fausse une démarche qui reste courageuse, car délicate pour les musulmans.