PortraitL'observatrice élude sa tiédeur avec talent
Tiphanie Bovay-Klameth, comédienne. Prix "Théâtre" 2019 de la Fondation vaudois pour la culture.

Bavarde? Sans aucun doute. Sensible? Totalement. Angoissée? La question ne se pose même pas, Tiphanie Bovay-Klameth l'est de nature. Ces jours-ci, son électrocardiogramme la fait même douter un peu plus que d'habitude. La comédienne dévoile son premier spectacle en solo: D'autres, un seule-en-scène personnel qui s'annonce décalé et sincère. Pétri d'humanité, d'autobiographie mais aussi d'imaginaire. A l'instar de sa créatrice qui se décrit, quant à elle, comme «une Suisse de classe moyenne, une protestante vaudoise et tiède qui a développé un bon sens terrien à deux pas de la ville». Bref, une «névrosée de l'entre-deux» qui… exècre, toutefois, qu'on la réduise à un personnage.
«J'adore les petites gens qui mettent une énergie folle dans des choses en apparence vaine»
Durant 1h10, le public ira à la rencontre des «petites autorités» qui font vivre Borbigny et ses sociétés villageoises. La chorale, le club de gym, la troupe de théâtre amateur… Borbigny, une localité fictive? «Pas tout à fait», concède la Lausannoise, fille d'instit'qui a grandi à Bussigny et passait ses vacances du côté d'Orbe, chez ses grands-parents paternels.
«Borbigny, c'est le monde d'où je viens, une communauté imaginée entre souvenirs et caricature. J'ai une passion pour l'ordinaire, pour les accidents anodins du quotidien qui se révèlent aussi exemplaires que de vrais drames théâtraux, pour les petites gens qui mettent une énergie folle dans des choses en apparence vaine. C'est de tout cela que j'ai envie de parler, car je suis persuadée que c'est en allant vers le singulier que l'on touche à l'universel. En impro, c'est lorsque j'ai osé m'éloigner des lieux communs que j'ai décollé.»
Un virus choppé à 12 ans
Improvisation, le mot est lâché. Tiphanie Bovay-Klameth a tâté pour la première fois du théâtre à l'âge de 4 ans. Mais c'est à 12, au collège de La Planta, à Renens, qu'elle a choppé le virus de la scène. «Celui d'interpréter des personnages», corrige celle qui a amené la Suisse en demi-finale de la Coupe du monde d'improvisation, en 2015 à Paris. Celle qui tisse finement sa carrière entre du théâtre contemporain et des univers loufoques, guidée par le besoin vital de faire le métier qu'elle aime.
«J'adore imiter, scruter les gens pour capter leurs petites manies qui en disent souvent plus que n'importe quel discours.» Imiter et apprendre, c'était d'ailleurs le titre de son mémoire de fin d'étude à La Manufacture, la Haute école romande de théâtre. Tiphanie Bovay-Klameth en est sortie il y a de cela neuf ans.
Comédienne talentueuse
Qui a suivi la carrière de la comédienne – l'une des plus talentueuses de sa génération, en Suisse romande – ne sera pas surpris d'entendre son goût pour l'observation. Pour l'absurde et la tendre poésie, aussi. A peine son diplôme en poche, la jeune femme a tapé dans l'œil de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. Avec la troupe des Deschiens et ses sans-grade, elle a vécu une entrée fracassante dans le métier. Deux ans et demi de tournées dans les grands théâtres, avec une grosse équipe et un spectacle ambitieux.
«Percer à Paris n'a jamais été un but en soi et je n'ai pas encore eu l'occasion de retravailler avec eux, mais cette expérience m'a vraiment permis de comprendre que mon univers était intéressant.» Petite déjà, elle avait très vite cerné qu'elle était «plus bulldozer que jolie princesse». «J'y peux rien: dès que j'arrive sur scène, je fais rire malgré moi.» De cette singularité, elle fait une force. De ses complexes, des atouts.
Une passion pour Zouc
Après son retour en Suisse, on l'a vue chez Marielle Pinsard ou Guillaume Béguin. Mais c'est au sein de la 2b company, aux côtés de François Gremaud et Michèle Gurtner – avec qui elle a fondé un collectif et défend des spectacles aussi dégoupillants que KKQQ ou Western dramedies –, qu'elle a trouvé le terrain idéal pour creuser ses aspérités et laisser libre cours à son jeu incarné. Nourrie de sa passion pour Zouc ou Muriel Robin, de son amour inconditionnel pour Michael Jackson, également. «Un personnage insaisissable mais un artiste absolu.» Bref, quelqu'un de… l'entre-deux.
*Ce portrait a été publié initialement en février 2017.
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