«L'or bleu est une des rares ressources des régions de montagne et elle a un prix»
Les cantons alpins font plier le Conseil fédéral. La redevance hydraulique ne sera pas abaissée. Interview.

Doris Leuthard cède face au lobby alpin. Il n'y aura pas de diminution de la redevance hydraulique; son plafond actuel est maintenu jusqu'en 2024. À l'issue d'une consultation calamiteuse, le Conseil fédéral rétropédale. Les 150 millions que les cantons et communes concernés auraient perdus par année ont pesé lourd dans la balance. Une victoire pour le conseiller national Thomas Egger (PDC/VS), directeur du Groupement suisse pour les régions de montagne. Interview.
– Comment avez-vous réussi à convaincre le Conseil fédéral?
– Toutes les régions de montagne ont affiché un front uni. Les résultats de la consultation montrent bien qu'il n'y a pas de majorité pour une diminution de la redevance hydraulique. Face à cette situation, le Conseil fédéral ne pouvait que faire marche arrière.
– Est-ce un tour de force du lobby alpin?
– Nous avons défendu une indemnisation juste pour l'utilisation de notre eau. L'or bleu, c'est une des rares ressources dont les régions de montagne disposent. Il a un prix. Et il est faux de croire que la chute des prix de l'électricité est due à une redevance trop haute.
– Cela n'aurait-il pas apporté une bouffée d'air frais aux propriétaires de barrage?
– Les deux choses ne sont pas dépendantes l'une de l'autre. Nous l'avons rappelé dans la consultation. La situation difficile dans laquelle se trouvent les grands groupes électriques est surtout liée à la politique allemande d'encouragement des renouvelables. C'est elle qui met les prix sous pression, et qui est à l'origine de la distorsion du marché en Europe. Mais il y a aussi des erreurs d'investissement de certaines entreprises suisses.
– Vous faites allusion à Alpiq et Axpo, qui sont pointées du doigt dans un rapport de l'Office fédéral de l'énergie?
– Ce rapport montre en effet que seuls ces deux géants souffrent vraiment de la situation actuelle. Ils ont fait le choix de se baser uniquement sur les grands marchés. Cette stratégie leur pose problème. Les autres entreprises d'électricité s'en sortent bien.
– La redevance ne bougera pas jusqu'en 2024. Avez-vous des craintes pour la suite?
– Il faudra voir quelle sera la structure du marché de l'électricité. Il reste de nombreuses questions ouvertes. Qu'en est-il de l'accord sur l'électricité avec l'Union européenne? Y aura-t-il une libéralisation totale du marché en Suisse? On est aussi en train de discuter de la loi sur le CO2 au parlement. Il faut attendre d'en savoir plus sur ces dossiers avant de rediscuter des redevances hydrauliques.
– Ces discussions se feront sans Doris Leuthard, qui doit quitter le Conseil fédéral d'ici à 2019. Est-ce un avantage ou un inconvénient?
– Il faudra voir qui reprendra son département. Mais, personnellement, j'espère beaucoup qu'il y aura au moins un représentant des régions de montagne dans le futur Conseil fédéral.
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