L'OSR, cent ans de frissons et de partages
L'institution fondée en 1918 par Ernest Ansermet a fêté son premier siècle avec des concerts somptueux. Retour sur un anniversaire qui marquera les annales.

Ce sont des images peu escomptées, quasi inattendues. Elles ont pris forme durant cette fin de semaine au Bâtiment des Forces Motrices, là où l'Orchestre de la Suisse romande a concocté un programme parallèle et complémentaire à celui qui a marqué les festivités des cent ans de l'institution. Sur cet îlot industriel qui coupe en deux le Rhône, des centaines d'enfants et d'adultes ont pris d'assaut les concerts courts mis à l'affiche; ils ont bataillé pour assister aux ateliers de lutherie; ils ont fait la file bien avant l'ouverture des portes pour profiter des essais d'instruments préparés par les musiciens de l'orchestre.

Un monde fou a donc cheminé entre les grandes turbines au repos et les sièges de la salle. Ce qui, à quelques heures du tomber de rideau sur les festivités, fait bomber le torse de l'administratrice générale de l'OSR, Magali Rousseau. «Je suis très fière de constater que l'orchestre s'est approprié de sa ville et de son public. Cet engouement réciproque, ce lien qui s'est affiché durant toute la semaine, nous fait dire que l'objectif principal est atteint.»
Un imprévu heureux
Cent ans après le geste fondateur d'Ernest Ansermet, le gâteau d'anniversaire a donc été opulent et le nombre d'invités bien plus volumineux que prévu. Sur le front du Victoria Hall, et sur celui aussi du Théâtre de Beaulieu à Lausanne, l'orchestre a tracé durant une semaine une diagonale svelte qui a permis d'illustrer l'étendue de son identité musicale. Entre grand répertoire et modernité, entre romantiques et figures de la création contemporaine, le chef Jonathan Nott a redoré le blason en exprimant une affinité rare avec ses protégés. Les grands sourires affichés à la fin de chaque soirée – celle de mardi, notamment, aux côtés du pianiste Lucas Debargue – ont dit l'osmose régnant entre le Britannique et les pupitres. «Il a fait preuve d'une présence de tous les instants et n'a rien lâché, remarque Magali Rousseau. Il a été lumineux durant tous les événements et il a su se transcender.»

Vendredi, pourtant, le grand concert de gala aurait pu tourner au cauchemar. Prévue de longue date, la cantatrice Sonya Yoncheva a dû déclarer forfait deux jours à peine avant le rendez-vous. Un incident de taille: le programme musical ne pouvait pas être changé en si peu de temps; la RTS avait par ailleurs prévu le direct en «prime time». Et la captation audio et vidéo était appelée à rebondir sur d'autres médias européens durant les jours et les semaines à venir. Alors, panique à bord? Pas vraiment. «En engageant une grande voix, nous savions que nous allions encourir ce genre de risques, explique Magali Rousseau. Comme d'autres artistes, Sonya Yoncheva chante beaucoup, elle est très sollicitée et passe un temps important entre les hôtels et les aéroports. Ce sont des conditions de vie qui peuvent générer ce genre d'imprévus.» Dès lors, la machine s'est mise en branle, la liste préétablie de remplaçantes potentielles consultée et leurs agents contactés; il a fallu trouver une voix disponible et à l'aise dans un choix d'œuvre entièrement consacré à des airs d'opéra de Tchaïkovski.
Dans cet exercice, l'OSR a trouvé la perle rare qui lui fallait. Le temps d'une courte répétition pour trouver ses marques et la soprano lituanienne Asmik Grigorian a mis tout le monde d'accord. Quelques heures plus tard, le Victoria Hall découvrait sa présence scénique conquérante, sa voix à la projection impressionnante, au timbre solide et aux expressions nuancées. Voilà qui couronne un anniversaire entièrement abouti.
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