Double exposition à AigleLouis Rivier, peintre vaudois du paysage «sacralisé»
L’Espace Graffenried fait (re)découvrir une partie du corpus de l’artiste qui a vécu dans la commune chablaisienne. Il donne aussi à voir l’art de Tami Hopf.

Antre d’expositions de la Ville d’Aigle, l’Espace Graffenried accroche à ses cimaises le peintre Louis Rivier jusqu’au 5 mars. Cette rétrospective consacrée à l’artiste biennois mort à Lausanne (1885-1963) a pris le parti de miser sur l’un de ses thèmes de prédilection: le paysage. Ce retour sur une partie du corpus du peintre vaudois, qui compte des œuvres prêtées par des privés et d’autres par des institutions muséales, est intitulé justement «Derrière le paysage».
Et c’est nous qui nous retrouvons devant le chevalet du peintre, à admirer un Rhône paresseux devant les Dents-du-Midi ou face aux pics enneigés des Alpes valaisannes. La nature admirée, encensée, voire «sacralisée», comme le relèvent les commissaires de l’exposition, est aussi présente derrière les portraits, autre grande passion de Louis Rivier. Comme celui de son père, pasteur. Le ministère paternel l’a mené dans le chef-lieu du district durant cinq ans alors que l’enfant Louis était âgé d’à peine 7 ans. Sa petite-fille Constance révèle que Rivier était déjà «adepte de la contemplation de la nature – d’où la précision de son trait – comme… de l’école buissonnière». On peut encore admirer les figures de Gottlieb Duttweiler, fondateur de Migros, et de son épouse.
Carnets, croquis et publicités
L’Espace Graffenried expose aussi en vitrine des carnets et croquis de l’artiste, ainsi que son travail de publicitaire pour Nestlé, dans lequel il pastiche avec respect et talent quelques-uns de ses inspirateurs: Velázquez (une Ménine), Raphaël, van Dyck. Rivier a aussi inventé des procédés picturaux, mais encore déposé divers brevets. Un de ses autoportraits se trouve dans la célébrissime galerie des Offices à Florence. Il a lui-même vécu et œuvré en Italie.
À Lausanne, les amoureux de la cathédrale peuvent admirer dix-sept de ses vitraux. On peut aussi en voir à Villeneuve, Rougemont ou L’Étivaz. L’artiste vaudois a encore peint sur les murs d’église. Celui qui a vécu principalement à Jouxtens-Mézery puis au château de Mathod est également connu pour sa fresque de l’aula du Palais de Rumine. Son corpus est riche d’environ 300 œuvres, dont un portrait de la pianiste virtuose Clara Haskil, dont les Amis de Louis Rivier cherchent la trace.
Ancrée et encrée
L’Espace Graffenried donne également l’occasion à un artiste contemporain de présenter son art dans une petite salle. La Veveysanne d’adoption Tami Hopf a ainsi les honneurs d’une carte blanche, jusqu’au 8 janvier. Née à São Paulo, la prolifique peintre, muraliste, graphiste, illustratrice est encore tatoueuse. Ses cinq tableaux exposés, à touche japonisante et hautement poétique, font la part belle à la femme et au pointillisme, sur le thème d’un triple ancrage (et encrage): physique, social, et intellectuel.

Les peintres Louis Rivier et Tami Hopf sont exposés à l’Espace Graffenried à Aigle, place du Marché.
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