Trois jeunes hommes accusés d’avoir attaqué un groupe rival à Delémont ont été condamnés à des peines de deux fois 12 ans et de 5 ans et demi de réclusion. Ils ont été reconnus coupables mercredi de tentatives d’assassinat et de complicité de tentatives d’assassinat.

Les trois prévenus sont impliqués dans des coups de feu tirés depuis une voiture en marche sur une bande rivale dans la nuit du 27 au 28 février 2021 à Delémont. Ils étaient à la recherche du groupe des plaignants dans une volonté d’en découdre. Les ayant aperçus, ils ont fait demi-tour pour s’en rapprocher.

Le chauffeur a ralenti et un des passagers a baissé la vitre, tendu son bras à l’extérieur du véhicule et tiré à cinq reprises, blessant une personne. Ces cinq tirs intervenaient dans un contexte de provocation entre ces bandes rivales. Plusieurs altercations s’étaient déjà produites depuis 2020.

Tentatives d’assassinat

«Le tireur a visé les parties plaignantes et a agi pour des mobiles futiles et égoïstes», a expliqué la présidente du tribunal pénal de première instance qui a retenu cinq tentatives d’assassinat. «Il a tiré dans le tas avec la volonté de les toucher», a ajouté Marjorie Noirat en prononçant une peine de 12 ans de réclusion.

Le chauffeur a été condamné comme co-auteur de cinq tentatives d’assassinat, la juge estimant qu’il avait dépassé le stade de la simple complicité. La peine de 12 ans comprend la révocation de précédents sursis. Pour Marjorie Noirat, l’accusé connaissait les intentions du tireur.

Le passager assis à l’arrière a été reconnu coupable de complicité dans ces cinq tentatives d’assassinat et a été condamné à une peine de 5 ans et demi de réclusion assortie d’une expulsion pour une durée de 5 ans. «Il n’avait pas un rôle prépondérant, mais il n’a jamais dissuadé les autres prévenus de passer à l’acte».

Dynamique de groupe

«Les prévenus ont cherché à minimiser leurs actes et à charger les coïnculpés», a souligné la présidente du tribunal pénal de première instance. Pour la juge, les trois prévenus n’ont pas hésité à mentir et ont adapté leurs versions des faits en fonction des preuves. Ils savaient qu’une arme était présente et allait être utilisée.

Tous les protagonistes ont agi dans une logique d’effet de groupe, ce qui a renforcé la volonté de passer à l’acte. «Chaque groupe a cherché à montrer sa supériorité sur l’autre», selon la présidente qui estime que personne ne voulait passer pour faible aux yeux des autres membres. Ces deux bandes entretenaient une rivalité, mais n’avaient jamais dépassé le stade des coups.

Le procureur avait requis des peines de 14 ans de prison pour le tireur, de 12 ans pour le chauffeur et de 9 ans pour le passager à l’arrière. À ses yeux, les trois prévenus devaient être reconnus coupables de tentatives d’assassinat au titre de co-auteurs.

Les avocats avaient rejeté toute préméditation. Le mandataire du tireur avait demandé à ne retenir que les lésions corporelles par négligence et de prononcer une peine de prison de 36 mois, estimant que son client ne visait personne. Les avocats du chauffeur et du passager avaient réclamé l’acquittement.

Haute sécurité

Un important dispositif policier avait été mis en place pour la lecture du jugement. Le Palais de justice était surveillé par une trentaine de policiers et le public devait passer sous un portique de détection de métaux. La salle d’audience était réservée aux parties et aux proches. La presse et le public ont dû suivre l’audience depuis une autre salle par vidéoconférence.

ATS

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