Perte de pouvoir d’achatL’USS veut un salaire minimum de 4500 francs en Suisse
Des augmentations salariales sont nécessaires face à l’inflation et la hausse des primes d’assurance maladie, estime l’Union syndicale suisse.

L’USS estime que la pleine compensation de l’inflation et des augmentations de salaire réelles sont nécessaires pour endiguer la perte de pouvoir d’achat des travailleurs. Pour elle, il ne devrait plus y avoir de salaires inférieurs à 4500 francs en Suisse.
L’Union syndicale suisse (USS) a constaté mardi que l’inflation, la hausse des coûts de l’énergie et des primes d’assurance maladie laissaient de moins en moins de moyens de subsistance aux travailleuses et travailleurs alors que leurs salaires stagnent.
«Si les salaires ne s’adaptent pas au coût de la vie, nous n’aurons pas seulement une crise du pouvoir d’achat, mais nous risquons aussi un retournement conjoncturel et le chômage qui l’accompagne», souligne le président de l’USS Pierre-Yves Maillard.

Bas salaires en pleine expansion
En termes réels, les salaires ont même baissé entre 2016 et 2020, par exemple chez les boulangers ou le personnel de vente. Et le secteur des bas salaires est en pleine expansion en Suisse. Ainsi, selon l’USS, environ 500’000 actifs touchent actuellement un salaire inférieur à 4500 francs à plein temps.
Pour la faîtière, les employés ayant terminé leur apprentissage devraient gagner au moins 5000 francs. Or un quart des actifs dans cette catégorie gagne moins que cette somme.
Les revendications d’une hausse de 4 à 5% des salaires formulées cette année par les syndicats sont fortes, mais légitimes, a souligné Pierre-Yves Maillard devant les médias. Le travail doit à nouveau être reconnu à sa juste valeur en Suisse.
Négociations salariales en cours
Dans certaines branches, les syndicats auraient déjà négocié la pleine compensation du renchérissement et des améliorations réelles lors des négociations salariales actuelles. Mais d’autres employeurs veulent se soustraire à leurs responsabilités, malgré la bonne marche des affaires, critique la faîtière syndicale. De nombreux cantons n’accorderaient par exemple pas de compensation de l’inflation à leur personnel.
La crise du pouvoir d’achat des familles à revenu «normal» s’est intensifiée au fil des années et s’aggrave rapidement, affirme l’USS. Entre 2000 et 2020, la politique fiscale a favorisé les revenus élevés. Les politiques ont en revanche fermé les yeux sur les revenus faibles et moyens.
Les progrès salariaux ont été en grande partie réduits à néant par une politique fiscale injuste, critique la faîtière. La suppression du principe de solidarité dans l’assurance-chômage pour les salaires supérieurs à 148’200 francs en est un exemple. Ces salariés ont ainsi payé moins de cotisations aux assurances sociales.
Pas de salaires minimaux
L’Union patronale suisse (UPS) estime pour sa part qu’une pleine compensation du renchérissement n’est pas possible dans toutes les branches, malgré un très bon carnet de commandes. L’économiste en chef de la faîtière Simon Wey juge réaliste une augmentation moyenne des salaires de 2,2%.
Mais même avec 2,2%, certaines entreprises auraient déjà des difficultés, en raison de la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée, des goulets d’étranglement dans la livraison des produits intermédiaires et des incertitudes face à une éventuelle pénurie d’énergie, a précisé Simon Wey à Keystone-ATS. La demande des syndicats est illusoire et n’est pas possible au vu des marges actuelles.
Il a en outre qualifié d’inopportune la revendication syndicale d’un salaire minimum de 4500 francs, ou de 5000 francs après un apprentissage.
L’Union patronale est fondamentalement contre les salaires minimaux. Le marché fera en sorte de lui-même à ce que les jeunes ayant terminé leur apprentissage obtiennent cette somme. Les entreprises s’arrachent en effet déjà les apprentis.
ATS
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