L'utopiste engagée sait se montrer terre à terre
La Morgienne se réjouit de rencontrer les Vaudois durant son année de présidence au Grand Conseil

Les Verts ont leurs «fundi» et leurs «réalos»: les fondamentalistes et les pragmatiques. Sylvie Podio a récemment été affublée du titre de «fundi-réalo». Même si elle fuit les étiquettes, celle-ci lui convient bien. «J'aime rêver, mais j'aime aussi quand il y a un résultat.» La nouvelle présidente du Grand Conseil a choisi de proposer un apéro végétarien, ce mardi, pour célébrer son accession au perchoir. N'y voyez pas une croisade contre la viande de la municipale morgienne de la cohésion sociale et du logement. Elle en mange. «C'est une manière de dire qu'on s'adapte aux végétariens.» Un brin libertaire – elle était une adolescente en rupture, tendance anarchiste –, Sylvie Podio goûte aussi l'originalité de la démarche, qui lui permet de sortir des sentiers battus. «Mais je respecte les institutions», ajoute-t-elle comme un clin d'œil en direction de certains élus communaux qui grincent déjà des dents à l'idée de cette manifestation sans charcuterie cantonale.
Laïque, elle n'a pas vu d'objection à prêter serment à la cathédrale en juin dernier. «Pourquoi faire semblant que la religion n'existe pas? Ce n'est pas parce que vous posez votre croix ou votre foulard derrière la porte que vos valeurs disparaissent.»
Ses convictions, elle les cultive depuis toujours. «Avoir des idées, réaliser des projets: aujourd'hui, je le fais en politique, demain ce sera peut-être ailleurs.» Gosse, elle était amoureuse de Robin des Bois, lisait énormément, admirait Albert Schweitzer et s'imaginait médecin dans les pays du tiers-monde. La petite Morgienne qui a grandi entre une mère patronne de son salon de coiffure et un père italien plutôt d'extrême gauche, a changé d'orientation. Mais ses combats sont restés.
Franc-parler
Mardi dernier, lorsque le Grand Conseil a débattu de la loi sur la violence domestique, elle a dû s'effacer dans son rôle de modératrice sur un sujet qui lui tient à cœur. Et Sylvie Podio n'est pas réputée pour tenir sa langue. Cash, entière, sincère, admirent certains. «Disons qu'elle peine à supporter ceux qui se hasardent à avoir un autre avis qu'elle. Elle parle plus qu'elle n'écoute», estime le conseiller communal PLR de Morges, Pierre Marc Burnand. De son côté, le député libéral-radical Rémy Jaquier apprécie beaucoup la Verte, qu'il côtoie au bureau du Grand Conseil: «Notamment son sens politique. C'est quelqu'un qui a toujours un angle d'attaque intéressant, qui a une opinion et la défend.»
Pour elle, énoncer clairement ses convictions, c'est se positionner, avant de faire un bout de chemin vers l'autre. «C'est vrai que je peux avoir l'air agacé, et très vite. Mais en politique, il faut parfois s'imposer. Et je suis obligée, sourit-elle. Sinon les gens vont trop vite voir que j'ai un cœur chamallow.»
Sylvie Podio s'imaginait un temps à l'autre bout du monde. Elle s'investira ici, via l'associatif, puis le politique. «C'était à ma portée. Mon action est plus efficace et la vie s'est déroulée ainsi.» Elle devient conseillère communale en 2003, municipale en 2008, députée en 2012. Claudine Dind, figure historique des Verts morgiens, se rappelle de ses premiers pas, et d'une intervention qui l'a bluffée. «Sylvie a commencé à parler. Et déjà, c'était un vrai discours politique.» Entre la trentenaire fluette, sans fard, le sourire de guingois, et la femme au look étudié – tenue impeccable et sandales assorties – qui se fait photographier dans le Parlement, le contraste est frappant. Sylvie Podio n'esquive pas. «Pendant une période de ma vie, j'ai mis une partie de ma féminité de côté. Je l'ai retrouvée par mon engagement politique et j'y ai pris goût. Des fois dans la vie, on s'efface soi-même.»
Dans les pas de Nuria Gorrite
Elle débarque au bon moment sur la scène politique morgienne. Lorsque les socialistes doivent remplacer leur syndic, Eric Voruz, ils se disent que l'heure de l'allié Vert a sonné à la Municipalité. «J'étais la seule femme à l'Exécutif. Je me voyais bien travailler avec elle», explique la conseillère d'Etat Nuria Gorrite. «C'est une femme cérébrale, qui a des valeurs, sait les conceptualiser et les traduire en actes politiques». Cérébrale, mais fâchée avec l'école. Elle avoue avoir opté pour l'école de commerce «par flemme», pour vite acquérir son indépendance. «Je peux être très engagée, utopiste, mais aussi terre à terre». Elle se reconvertit ensuite dans l'éducation spécialisée. «Sa double formation se ressent dans son action, constate le Vert Vassilis Venizelos. Elle a de l'empathie et ses connaissances commerciales lui permettent d'être constructive.»
En 2012, quand Nuria Gorrite quitte Morges pour le Conseil d'Etat, Sylvie Podio fait parler d'elle. Avec l'appui des siens, elle ose bousculer l'alliance rose-verte en contestant la syndicature au socialiste Vincent Jacques. L'échec sera sans appel. Ambitieuse? «Oui, je l'assume. Et j'ai une tendance à ne pas trop aimer quand on considère les choses comme inébranlables.»
Pour elle, la femme doit demander sa place pour l'avoir. Une fibre féministe qui ne l'a pas empêchée de rester à la maison pour ses trois enfants. «Je pensais arrêter un moment et dix ans ont passé…» Sortir du monde professionnel a été une étape. Et une expérience: «Comme au Grand Conseil où présider permet de sortir de la mêlée. Etre obligée de se taire amène à envisager les choses autrement.»
Sylvie Podio marche aux rencontres, aux personnes qui lui ont tendu la main quand c'était dur, cru en elle, lui ont montré d'autres facettes d'elle-même. En cette année présidentielle, elle se réjouit de découvrir des gens qu'elle n'aurait jamais côtoyés autrement. «C'est moins polluant que de voyager à l'autre bout du monde.» Surtout lorsqu'on vit sans voiture. Cette adepte de l'autodérision l'avoue sans détour. «C'est devenu une conviction, mais au départ, je suis nulle au volant!»
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