Le Canton de Vaud mène actuellement une campagne pour stimuler l’esprit citoyen et inciter l’électeur à voter. Cet objectif s’inscrit dans l’objectif plus général de l’aide à la presse, voulu par les autorités et rappelé dans l’édition de «24 heures» du 24 février dernier.
Il va de soi que cette initiative est méritoire et doit être saluée. L’importance de l’exercice des droits civiques est essentielle pour asseoir la légitimité des autorités qui nous gouvernent. Les droits de vote et d’éligibilité existent dans notre pays depuis plus de 150 ans, même si des pans entiers de la population en ont longtemps été privés, comme les femmes. Les jeunes en dessous de 18 ans, les personnes «interdites» ou encore les ressortissants de nationalité étrangère, depuis longtemps en Suisse, n’en bénéficient pas ou partiellement.
«Le droit de vote est un privilège que plus de la moitié de la population néglige régulièrement.»
Le droit de vote est un privilège que plus de la moitié de la population néglige régulièrement; ce sont les abstentionnistes. Les encarts publiés dans la presse, en ligne ou papier, visent précisément ce groupe de personnes. Il s’agit bien entendu d’en appeler au devoir électoral pour tenter d’augmenter la participation électorale.
Sans dévaloriser l’effort des autorités, il y a fort à parier que cette majorité silencieuse ne va pas soudainement se décider à remplir son bulletin de vote, suite à cette campagne.
Les causes de l’abstentionnisme sont diverses et multiples. L’information actuelle semble impuissante à mobiliser. L’électeur dispose bien des renseignements nécessaires à construire son avis, car les autorités et les médias y pourvoient largement. Mais est-ce suffisant à se forger une opinion et surtout à se décider d’exercer ses droits civiques?
La construction de l’opinion publique est complexe et délicate. Elle est pourtant décisive pour la participation. Se forger sa propre idée, c’est être en mesure de comprendre l’importance des enjeux pour soi-même et susciter ainsi l’envie de voter.
Subtilités des mécanismes
Les débats menés en Suisse sont complexes. Les questions à trancher concernent des thématiques fort diverses. Il en va de même des élections en raison du fédéralisme, mais aussi des subtilités des mécanismes qui se réfèrent tantôt au système majoritaire ou proportionnel, aux apparentements, etc.
Dans ces circonstances, beaucoup de citoyens se déclarent le plus souvent incompétents, incapables de se forger une opinion et de se situer face aux enjeux soulevés.
Stimuler l’intérêt et la participation passe par une formation de base solide, une alimentation en informations régulière et aisée d’accès. Mais, avant tout, le citoyen doit être investi du respect qui lui revient et être mis au bénéfice des moyens indispensables à sa réflexion, par exemple dans des cercles citoyens de quartier ou sur les réseaux sociaux.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
L’invité – Lutter contre l’abstentionnisme, une gageure
René Knüsel analyse les causes du désintérêt de nombreux citoyens pour l’exercice des droits civiques.