Autant le dire clairement: vu de Suisse, la réforme des retraites portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne pour retarder l’âge légal de 62 à 64 ans semble raisonnable et relativement équilibrée. Il ne s’agit pas de peindre le diable sur la muraille, car le système français par répartition n’est pas au bord de la faillite, mais cette réforme est nécessaire pour en garantir la solidité à long terme.
Sinon, tous les scénarios du Conseil d’orientation des retraites indiquent un déficit croissant sur plusieurs dizaines d’années, à moins d’un financement supplémentaire par l’État ou d’une augmentation des cotisations patronales et salariales. Autrement dit: plus de dette publique, ou moins de compétitivité et de pouvoir d’achat. Ceux qui prétendent la réforme inutile négligent d’en dire le prix. Pour eux, quelques centaines de milliards d’euros supplémentaires face à la dette actuelle (2956 milliards à la mi-décembre) ne sont pas un problème.
«La réforme est impopulaire, c’est certain. L’est-elle au point de faire descendre des millions de gens dans la rue? C’est moins sûr.»
Paradoxalement, Emmanuel Macron n’aura pas d’obstacle rédhibitoire au parlement pour la plus emblématique des réformes de son quinquennat. Grâce à l’appui des Républicains, lui et sa première ministre sont pratiquement assurés de pouvoir faire voter leur projet sans avoir recours au passage en force du 49.3.
Le véritable obstacle, ce sera la rue. La gauche et les syndicats annoncent une opposition résolue et tablent sur une mobilisation massive. Ils se fondent sur des sondages qui indiquent un refus de 80% des Français pour un report de l’âge à 64 ou 65 ans. La réforme est impopulaire, c’est certain. Mais l’est-elle au point de faire manifester des millions de gens? C’est beaucoup moins sûr. Pour le président Macron, tout l’enjeu de son pari politique tient dans cette distinction.
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Éditorial – Macron: une réforme des retraites nécessaire
Grâce à l’appui de la droite, le gouvernement Borne est presque certain de pouvoir faire voter le passage de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Reste à convaincre les Français.