Dérapages sexuelsMalgré #MeToo, le harcèlement gangrène la scène
Propos sexistes et gestes outranciers empoisonnent le microcosme romand des arts scéniques. Craignant d’être blacklistées, les interprètes n’ont d’autre choix que de se mettre en garde entre elles.

«Quand je suis arrivée dans la compagnie, les anciens m’ont transmis une série de règles que le chorégraphe ne connaissait pas. Ils ont inventé un «système de survie» pour se protéger de lui car il est sujet aux dérives.» À 20 ans, Valérie* a décroché un rôle dans un spectacle de cet artiste. La danseuse découvre alors un dispositif rodé: «Lorsqu’il corrigeait la posture d’une interprète nue, on faisait en sorte d’être deux à écouter. Et lors des tournées le tour manager le logeait exprès dans un hôtel différent.» Ces informations nous ont été confirmées par plusieurs sources. «Cette histoire est représentative du système de non-dénonciation, déplore Claire Dessimoz, danseuse et chorégraphe. Or cette idée d’avertir les autres nous met dans une position de fatalisme, presque de complicité. C’est très lourd à supporter.»