En tournée romande et parisienneMarie, l’héroïne absolue
Louis Crelier et Valérie Letellier présentent un oratorio sur la mère de Jésus, inspiré des évangiles apocryphes. Décodage.

Le Christ s’effacerait-il derrière les présences féminines? Marie et Marie-Madeleine étaient déjà tout dernièrement les figures tutélaires de «La Passion – Amours infinies infinies amours» de Théo Schmitt et Stéphane Blok, alors que, quasi simultanément, Jérôme Berney et Alain Rochat, pour la création de l’oratorio «Équinoxe» mettaient en scène une alto solo, aux modulations orientales évoquant Marie de Magdala. Voici maintenant Louis Crelier et Valérie Letellier qui relisent à leur tour l’histoire sainte sous l’angle féminin pour en tirer «La Passion selon Marie» pour orchestre, chœur et solistes, à découvrir dès samedi 21 mai à Neuchâtel, Lausanne, Paris, Genève et Fribourg.
La Bible au féminin pluriel

Le compositeur neuchâtelois et sa librettiste genevoise n’en sont pas à leur premier opus commun. Ils avaient lancé leur collaboration en 2018 avec «La citadelle de verre», opéra inspiré de l’univers de Christin et Bilal, puis conté le destin d’une femme musulmane contemporaine dans «Shéhérazade, procès d’une infidèle» en 2020. «La Passion selon Marie», fidèle au style postromantique très fluide et coloré de Louis Crelier, a ceci d’original qu’elle se coule dans un véritable récit. Les solistes y incarnent Marie, sa mère Anne, son oncle Zacharie, les archanges et le disciple Pierre.
«Ici, Marie, la «charismatique» s’oppose à Pierre, le «dogmatique».
Cet oratorio mis en espace et en costumes s’ouvre aussi à une tradition obscure, puisque le livret de Valérie Letellier s’inspire des écrits apocryphes chrétiens, ces textes rejetés par l’Église officielle. L’idée centrale retenue par la librettiste est celle qui fait de l’homme un instrument de son propre salut sans le secours de la Grâce. «Ici, Marie, la «charismatique» s’oppose à Pierre, le «dogmatique», résume l’auteure. Le choix de se concentrer sur Marie et Marie-Madeleine est une manière de souligner le rôle primordial des femmes dans l’Église primitive, où elles étaient parfois considérées comme des messagères intercédant entre Dieu et l’homme.»

Neuchâtel, Temple du Bas, sa 21 mai (20 h)
Lausanne, salle Métropole, di 22 mai (17 h)
Paris, Crique d’hiver Bouglione, di 5 juin (18 h)
Genève, Victoria Hall, sa 11 juin (20 h)
Fribourg, Aula Magna, di 12 juin (17 h)
lapassionselonmarie.com
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