Bien sûr, ce «concours», qui vit son 5e anniversaire, a sa part de subjectivité. Mais vous êtes tout de même près de 7000 à avoir choisi parmi les 20 candidates et candidats. Cette dernière édition célèbre les femmes en couronnant pour la première fois l’une d’entre elles. Sur les trois premières marches du podium, elles représentent évidemment la diversité du canton, ses talents, ses forces. Mais elles s’inscrivent aussi dans les lignes de tension et de mutation de notre société contemporaine dans son ensemble.
Prenons Maurine Mercier, qui vire en tête. La correspondante de la RTS dans une Ukraine en guerre est à la fois journaliste – métier ô combien sur le gril de la vox populi – et travaille pour le service public, dont certains ne cessent de dire qu’il coûte trop cher. Mais elle est surtout la preuve vivante qu’il faut des moyens pour raconter ce que le monde vit, ici et ailleurs. Elle y ajoute courage, humilité, humanisme. Elle est un exemple pour la profession. L’information est un bien universel qui a un prix mais qui doit appartenir à tout le monde. De Pully, où Maurine Mercier a grandi, jusqu’à Kiev.
«Cette dernière édition célèbre les femmes.»
Le Pays de Vaud est une terre de traditions. Il y a certes encore quelques amicales machistes qui ne tolèrent que les hommes, mais elles deviennent l’exception. Les sociétés de nos villages savent aussi évoluer avec l’air du temps. Que la «Fédé» des Jeunesses campagnardes vaudoises ait choisi de porter Lucie Theurillat à sa tête est aussi un symbole. Un bastion de moins en moins masculin si l’on regarde le nombre de présidentes dans les organigrammes des comités de girons et commissions. C’est ancré dans sa diversité contemporaine que ce «phénomène civique» – l’appellation est de Jean-Pascal Delamuraz – continue à perdurer. Un repère à chérir pour beaucoup.
La troisième place de Julia Steinberger est évidemment plus clivante. Parce que la climatologue de l’UNIL, internationalement reconnue, refuse de se «contenter» de ses recherches et études sur le bouleversement climatique. En passant du constat au militantisme, elle choisit l’action citoyenne, mais aussi la désobéissance civile. Comme toutes les autres révoltes menées – de Guillaume Tell à Franz Weber –, sortir de la marge «légale» peut contribuer à la cause. En abuser, au contraire, nuit potentiellement au bien commun et au vivre-ensemble. Fragile, la planète mérite le juste point d’équilibre.
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Éditorial – Personnalités vaudoises 2022: Maurine, Lucie, Julia et les autres