À l’ombre des madriers, il se trouve aujourd’hui des Valaisans pour dire que la loi sur les résidences secondaires acceptée il y a onze ans, c’est un peu de leur faute. Ils regrettent surtout l’arrogance avec laquelle le reste du pays a été prié de se mêler de ses oignons par les amis du béton.
On aurait pu penser que le couperet du peuple engendrerait l’autocritique. Pas vraiment: les élus fédéraux du Vieux-Pays se sont empressés d’aller percer des petits trous dans la loi. Puis les mêmes sont venus crier à l’ingérence lorsque le Tribunal fédéral est venu leur rappeler qu’on ne construit pas un toit qui laisse passer la pluie. En parallèle, la créativité de certains bâtisseurs et d’autorités complices s’est révélée sans limite pour tenter de s’asseoir sur les lois: le scandale de Verbier en est la cinglante illustration.
Certains représentants du Canton s’étaient aussi réjouis d’avoir laissé libre d’affectation tout ce qui avait été construit avant 2012. Et voilà qu’un rapport vient confirmer ce que plusieurs spécialistes avaient prévu: cela conduit à créer un business de reventes d’anciens logements habités à l’année en luxueuses résidences secondaires qui, sous l’effet d’une hausse délirante des prix, chasse les locaux et les bas revenus des stations. C’est pourtant écrit dans la loi: cantons et communes sont censés faire en sorte de l’éviter. Zermatt a essayé, bien avant Weber. Elle était bien seule. On ne gagne pas seule contre le marché, même avec le Cervin dans sa besace.
Et alors que fait le Valais? Il vient de prendre position pour appeler à une révision urgente de la loi, espérant trouver des issues à des impasses qu’il a lui-même provoquées par une application pas assez rigoureuse. L’autocritique, onze ans après, ce n’est pas encore ça.
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Éditorial – Mauvaise foi dans la montagne
Le cœur des stations se vide de ses habitants et voici qu’on pointe la Lex Weber plutôt que de faire son autocritique.