Hommage à Michel Bühler«Michel n’a jamais dissocié les registres de la culture et de la politique»
L’écrivain et journaliste Christophe Gallaz salue la mémoire du chanteur vaudois, son ami et complice, avec qui il avait siégé à l’Assemblée constituante vaudoise au tournant des années 2000. Souvenirs.

Sollicité par notre rédaction, l’écrivain et journaliste Christophe Gallaz nous envoie ce petit texte quelques heures après l’annonce du décès subit de Michel Bühler, son ami depuis plus de quarante ans. L’intellectuel vaudois se souvient de leurs combats, de leurs plumes engagées, et en particulier d’un épisode assez comique de l’Assemblée constituante vaudoise où les deux compères siégèrent côte à côte dès 1999. Faut-il mettre une majuscule à la Création? La question fut tranchée dans l’allégresse, mais avec beaucoup de sérieux…
«C’est peu dire que Michel n’a jamais dissocié les registres de la culture et de la politique, placés chez lui sous le signe d’un troisième qui fut celui de la tendresse sensible et de la militance active.
Je le pratiquais depuis quarante ans sur ce carrefour-là lors de rencontres égrenées depuis le temps radiophonique d’Emile Gardaz jusqu’à l’an dernier, à l’occasion d’un débat dirigé par ses soins pour marquer la publication de deux ouvrages collectifs aux Éditions d’En Bas où nous avions l’un et l’autre engagé notre plume – leurs titres: Tumulte postcorona et Manifeste 2020.
Mais l’épisode à la fois le plus malicieux et le solennel qui nous fit se côtoyer de près entre écriture et politique, en compagnie de Stéphane Masson devenu plus tard député, advint dans les rangs de la Constituante vaudoise au tournant des années 2000: celle-ci devait accoucher de sa nouvelle Charte évidemment munie d’un Préambule.
«J’avais vu notre ami Michel œuvrer dans cet exercice comme dans son art, entre sa conscience aiguë des hypocrisies humaines et le sens des formulations familières et toujours subtiles.»
Ah, le Préambule! À ce sujet la question qui tarauderait l’assemblée serait celle-ci: faudrait-il dans ce petit texte de grande importance symbolique invoquer Dieu, la Création avec une majuscule ou la création avec une minuscule? Après maintes réflexions pleines d’allégresse et néanmoins réalistes, car il nous fallait songer à ce genre de surmoi collectif qui pousse jusqu’aux pires mécréants à se sentir croyants, nous tranchâmes pour une Création avec une majuscule. L’option fut acceptée puis gravée dans le marbre institutionnel.
J’avais vu notre ami Michel œuvrer dans cet exercice comme dans son art, entre sa conscience aiguë des hypocrisies humaines et le sens des formulations familières et toujours subtiles.»
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