Ils sont des millions à rêver d’une vie meilleure en Europe. Et pour rejoindre le Vieux-Continent, on passe par la route des Balkans, via la Grèce et la Serbie. Ou on tente la traversée de la Méditerranée depuis la Libye vers l’Italie en attendant d’être pris en charge par le bateau d’une ONG européenne. Il y a aussi la possibilité de passer du Maroc à l’enclave espagnole sur territoire africain de Melilla. On peut aussi tenter la traversée du Maroc vers l’Espagne ou les Canaries.
C’est l’évidence, le cadre légal qui conditionne toute la problématique des migrations est dépassé. Ce sont des textes écrits en période de beau temps pour une situation de beau temps mais inapplicables dans la situation actuelle. Et celle-ci va durer encore longtemps.
«La situation actuelle montre les limites du système.»
Prenons le cas des navires d’ONG qui récupèrent des migrants en Méditerranée pour ensuite les «imposer» à des pays européens, principalement l’Italie. Même si au premier abord ces sauvetages sont louables, c’est finalement du chantage à l’égard des pays riverains. D’autre part, peut-on accepter que, grâce ou à cause de ce système qui fait appel d’air, des centaines de migrants débarquent chaque semaine sur les côtes européennes?
Il faut savoir aussi que beaucoup de migrants, une fois entrés dans un pays, sont inexpulsables. Et j’en veux pour preuve les vendeurs de drogue venus du Nigeria qui exercent à Yverdon ou les membres du Collectif Jean Dutoit.
Voici quelques années, l’Union européenne a évoqué la création de hot spots pour officiellement «trier» les migrants aux marges de l’Europe ou à l’extérieur. Toutefois, il n’y a pas eu de suite concrète.
En 2022, 45’000 migrants ont traversé la Manche de France au Royaume-Uni. Les autorités anglaises ont conclu un accord avec le Rwanda pour expulser vers ce pays les demandeurs d’asile entrés illégalement. Des oppositions se sont manifestées mais récemment la justice britannique a donné son feu vert à ce projet.
Accords non mis en œuvre
L’idée de renvoyer les indésirables vers un pays africain n’est pas nouvelle. En 2003, Mme Ruth Metzler, alors conseillère fédérale PDC, s’est envolée pour le Nigeria et le Sénégal afin de signer deux accords visant à faciliter le rapatriement de requérants d’asile déboutés. Si, pour le Nigeria, il s’agit uniquement de rapatrier les natifs de ce pays, l’accord avec le Sénégal est bien plus important: il s’agit également d’un accord de transit. En clair, tout requérant cachant son identité mais supposé venir de l’Afrique de l’Ouest sera renvoyé vers le Sénégal. À Dakar il devra être identifié en l’espace de 72 heures et renvoyé vers son véritable pays d’origine, sans quoi la Suisse s’engage à le reprendre.
Toutefois ces accords n’ont jamais été mis en œuvre…
Il y aurait encore beaucoup à écrire concernant par exemple les mineurs non accompagnés, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex, mais une chose est sûre: la situation actuelle montre les limites du système.
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L’invité – Migration et renvois, le courage de Ruth Metzler
François Brélaz rappelle les accords de rapatriement signés en 2003 par la conseillère fédérale d’alors.