Portrait de Sylvie MakelaMilitante jusqu’au bout des cheveux
La patronne des salons Tribus Urbaines et vice-présidente du festival Black Helvetia conjugue sans sourciller activisme et entrepreneuriat.

C’est un joli salon de coiffure niché à l’étage d’un immeuble discret de la rue de la Madeleine. Chez Tribus Urbaines, à Lausanne, on soigne le cheveu bouclé, frisé, afro – en un mot «texturé». Mais si la vigueur de votre toison importe à Sylvie Makela, la patronne de la petite chaîne a aussi l’ambition de titiller ce qui se passe au-dessous: sur les étagères aux murs, elle a disposé des classiques de la littérature afro-féministes, des traités de sociologie, des livres visant à expliquer la diversité aux enfants. «Maryse Condé d’abord, puis Maya Angelou, Bell Hooks, Reni Eddo-Lodge… ces autrices ont changé ma vie. Plus jeune, je croyais en la méritocratie, à l’égalité des chances. Elles m’ont ouvert les yeux, sur le racisme institutionnel, sur les rapports de pouvoir au sein du couple.»