À voir sur les écransMiracle, Zep a filmé Dieu en chair et en os
Avec «La vie de J.-C.», le bédéaste tourne sa première série. «Culte, c’est le cas de le dire…»

Dès les débuts BD de Titeuf en 1993, Zep s’interrogeait: «Dieu, le sexe et les bretelles». Plus de 20 millions d’albums plus tard, la question des filles (et du reste) a été plus ou moins résolue. Demeure la divine équation, souvent caressée dans l’œuvre de Phillipe Chappuis. En 20 épisodes de trois à quatre minutes, le créateur relit les Évangiles dans «La vie de J.-C.». Un catéchisme tendre et impertinent.
Causer de Dieu, une obsession?
Non, mais ça revient souvent dans mon travail. J’ai fait jadis un album sur un moine chartreux, je parle de Dieu dans mon blog, Titeuf l’évoque aussi dans ses questions d’enfant. Que vous soyez croyant ou pas, l’idée qu’un type nous regarde fonctionner sur cette planète, c’est fascinant. Au-delà de son essence divine, l’existence de Jésus est incontestable. Nous vivons d’ailleurs selon ces valeurs établies il y a deux mille ans. Donc je trouve légitime de questionner ce personnage…
Tendez-vous la joue en ironisant sur un J.-C. homosexuel ou une «Marie-Mad» trop vieille pour plaire?
Je tends la joue droite, et la gauche! Je suis prêt. Bon, J.-C. n’est pas homosexuel. Simplement, pas intéressé par cet aspect de la vie, il trouve cette porte de sortie pour échapper à sa copine. Au-delà… j’ai organisé une projection avec des amis pasteurs et gens d’Église, leurs avis m’intéressent. Si la série ne se prétend pas théologique, nous sommes souvent partis de l’Évangile. Des histoires si souvent lues, décortiquées, mises en scène, que, à notre tour, nous nous sentons le droit d’en prendre le contre-pied. Et notamment par l’absurde, par la permanence de l’incompréhensible encore aujourd’hui.

Vous avez su parler de sexe. C’est plus dur, le religieux?
Le sexe, c’est plus dur, question de proportion! Car beaucoup de monde se fiche de la religion, tandis que le sexe concerne chacun. Du coup, je ne me sens pas très inquiet. Je suis de culture protestante, de Genève, où l’Église me semble avoir du recul. De toute façon, c’est dans l’ADN du protestantisme de questionner le texte. Et ça peut passer par l’humour, même si je me doute que des aspects plus transgressifs pourront heurter. Même si, encore une fois, je ne cherche pas à provoquer.
«La Bible, c’est l’une des dernières grandes épopées populaires universelles. Chacun connaît au moins deux épisodes de l’histoire de Jésus. À part «Star Wars», je n’en vois pas d’autre!»
Quelle est votre motivation?
La Bible, c’est l’une des dernières grandes épopées populaires universelles. Chacun connaît au moins deux épisodes de l’histoire de Jésus. À part «Star Wars», je n’en vois pas d’autre! Et c’est chouette d’avoir des personnages dont tout le monde sait de qui on parle.
Contrairement à George Lucas, pourquoi se passer d’effets spéciaux?
Juste, nous restons au sketch… avec un seul effet spécial sur les 20 épisodes. (Rire) Oui, un effet spécial au singulier. Nous avons tourné avec des moyens simples, en décors naturels, une mise en scène sobre. Il ne faut pas s’attendre à ce que le Léman se sépare en deux. Quand je dessine, évidemment, je peux me payer des éléphants volants.

Au fond, pour vous bédéaste, les effets spéciaux, c’était ces comédiens?
J’ai été épaté par leur force de proposition, c’est sûr, une indocilité des personnages à laquelle je n’étais pas habitué. Tout était calé mais ils ont beaucoup improvisé. Cette équipe (ndlr: Vincent Veillon, Yann Marguet, etc.) se connaissait. Leur esprit collaboratif instantané, c’était du gros plaisir.
Il y a aussi plein d’apparitions, Joseph Gorgoni, Henri Dès… même Joël Dicker, tombé du ciel?
On en parlait autour de nous et les gens se proposaient. Joël, en pharisien très barbu, juif zélote qui grille des testicules de bouc pour un sacrifice, c’est gratiné!
«Kaamelott» a lancé son culte avec ce genre de gimmicks. Un destin dont vous rêvez pour «J.-C.»?
On aimerait une saison 2. L’Évangile abonde en saynètes propices à ce format court. Le plus délicat, c’était la mise en place d’une galerie de personnages, nous l’avons. Donc c’est une mine inouïe. Après, moi, je ne fais pas de miracles.
«La vie de J.-C.», 20 X 4’, RTS 1, sa 18 sept., 20 h 10
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