Journée des droits des femmesLa guerre et la hausse de l’âge de la retraite dénoncées
Les Suissesses sont dans la rue mardi pour la journée internationale des droits des femmes. Des manifestations ont lieu dans tout le pays pour faire entendre leurs revendications.

La guerre en Ukraine s’est invitée à la Journée internationale des femmes. Les appels à la fin des hostilités ont alterné avec le «non» des féministes et des syndicats à la hausse de l’âge de la retraite des femmes en Suisse.
Les Chambres fédérales ont ouvert mardi sur une allocution marquant la Journée internationale des droits des femmes. La présidente du National Irène Kälin (Vert-e-s/AG) a eu une pensée pour les Ukrainiennes: «Aujourd’hui n’est pas un jour joyeux, mais je vous souhaite quand même une belle journée», a-t-elle lancé à l’adresse des Ukrainiennes «qui fuient les bombes russes».
«Alors que la pandémie nous laisse enfin manifester sans masques, c’est la guerre qui s’installe à nos portes, avec les conséquences terribles qu’elle entraînera pour toute la population civile en Ukraine et, comme dans toutes les guerres, plus encore pour les femmes, minorités de genre et les enfants», a déploré la Grève féministe.
«Les femmes et minorités de genre qui fuient leur pays en raison des violences liées à leur identité de genre, subissent sur la route de l’exil et à leur arrivée en Europe de nouvelles violences qui ne sont pas reconnues comme motifs d’asile», a encore souligné le mouvement.
Le réseau tessinois «Né le 14 juin» s’est déclaré solidaire des militantes du groupe russe «Feminist Resistance Against War» qui appellent les féministes du monde entier à s’opposer à l’occupation militaire de l’Ukraine.
Non à la hausse de l’âge de la retraite
Les droits des femmes en Suisse étaient aussi à l’ordre du jour. Au Conseil des États, la vice-présidente Brigitte Häberli-Koller (Centre/TG) a rappelé qu’il restait encore beaucoup à faire pour les droits des femmes. Et de citer la différence non justifiée des salaires ou encore la faible part des femmes dans les parlements et organisations.
Gauche et syndicats se sont concentrés sur le relèvement de l’âge de la retraite des femmes, contre lequel ils ont lancé un référendum en début d’année. Celui-ci devrait être déposé prochainement auprès de la Chancellerie fédérale. Selon eux, la réforme de l’AVS prévoit que 10 milliards de francs seront économisés sur le dos des femmes.
Travail.Suisse a pour sa part plaidé pour la création d’un médiateur de l’égalité en raison de l’accès difficile des tribunaux lors de litiges relevant de la loi sur l’égalité. Selon un ancien rapport, l’un des problèmes majeurs dans la mise en œuvre du but de la loi sur l’égalité LEg réside dans la peur des intéressées, ce qui les conduit à ne pas combattre les discriminations.
La Jeunesse socialiste Suisse (JS) a quant à elle défendu le droit à l’avortement à l’occasion de cette journée. Le droit inaliénable des femmes à disposer de leur corps est aujourd’hui encore attaqué par les milieux conservateurs de droite, en Suisse et dans le monde, selon la JS. Les milieux «fondamentalistes» proches de l’UDC ont lancé il y a quelques mois deux nouvelles initiatives anti-choix, a-t-elle rappelé.
Nom de rues
Des manifestations étaient prévues dans plusieurs villes à l’appel des organisations féministes et des syndicats. À Genève, des militantes du Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT) ont réclamé la valorisation de certains emplois féminins, notamment dans les soins à la personne. En fin de journée, une «Via Feminista» abordait les questions d’asile et des droits LGBTIQ+, d’âge de la retraite, d’inégalité ou encore de patriarcat.
À Lausanne, une action symbolique du syndicat Unia était organisée en fin de journée au centre-ville à la place du 14 juin, sous le slogan «Détruisons le mur des inégalités!» . Au menu là aussi, l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, contre laquelle Unia Vaud a récolté plus de 2000 signatures.
Le collectif de la Grève féministe Vaud a appelé à une marche à travers les rues lausannoises, en signe de résistance féministe contre la guerre en Ukraine. Sur le campus de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), deux places et cinq rues ont été baptisées du nom de sept scientifiques pionnières.
À Berne, plusieurs centaines de personnes ont manifesté en début de soirée «contre la violence systématique du patriarcat, du capitalisme, du racisme, des frontières et des États», à l’appel du collectif Grève des femmes. Parmi leurs revendications, un accès plus facile des migrantes au marché du travail et la solidarité avec les personnes vivant dans des régions en guerre.
Scène internationale
Sur la scène internationale, la Suisse et plus de 50 pays ont dénoncé un «contrecoup» ces dernières années pour les droits des femmes. Mardi devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, ils ont redouté que cette situation n’affecte les avancées obtenues.
Les femmes ont subi de manière disproportionnée la charge des effets du coronavirus et ont été contraintes de travailler davantage avec moins de revenus, déplorent ces États. Les violences contre elles ont aussi augmenté, notamment dans les régions qui font face à des difficultés humanitaires.
En marge de la Journée, le bureau suisse du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a annoncé de nouvelles tables rondes consacrées aux violences sexuelles et basées sur le genre. Il a dit regretter que les actes de persécution dirigés contre les femmes (violences domestiques et sexuelles, traite des êtres humains) ne soient «toujours pas reconnus comme des motifs de fuite.»
L’espace aérien aux mains des femmes
La Journée de la femme a été célébrée pour la première fois il y a 111 ans – en Suisse et dans trois autres pays européens. Chaque année, le 8 mars est notamment l’occasion de thématiser les conditions de travail des femmes.
En Suisse, huit femmes actives sur dix avec des enfants de moins de 15 ans travaillent à temps partiel et 13% des hommes, qu’ils soient pères ou non, selon l’Office fédéral de la statistique. Seuls les Pays-Bas présentent un pourcentage plus élevé de personnes travaillant à temps partiel.
Mardi, le secteur de l’aviation a fait un appel du pied aux femmes: ainsi l’espace aérien des 14 aéroports suisses a été principalement géré par des contrôleuses, a fait savoir Skyguide.
ATS
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