Polémique en Inde«Mon dessin a touché la susceptibilité de dirigeants nationalistes indiens»
Un dessin de presse du Suisse Patrick Chappatte sur la démographie indienne et chinoise est vivement critiqué par le gouvernement indien. Le dessinateur réagit.

Ce mois-ci, la population indienne dépassera celle de la Chine, avec plus de 1,425 milliard d’habitants. Pour illustrer cette actualité, le dessinateur de presse suisse Patrick Chappatte a représenté les deux pays à travers des moyens de mobilité. Publié dans l’hebdomadaire «Der Spiegel», l’un des titres les plus lus en Allemagne, ce dessin a fortement choqué le gouvernement indien.
Au premier plan, une locomotive très moderne décorée du drapeau chinois sur son flanc rentre en contraste avec le second plan. Ce dernier montre une série de wagons bondés d’individus. Accrochés aux parois du train ou entassés sur son toit, ces voyageurs représentent la population indienne comme en témoigne le drapeau à l’effigie du pays brandi à l’avant de la machine.
Kanchan Gupta, le conseiller principal du Ministère de l’information et de la radiodiffusion du gouvernement indien, n’a pas pris cette caricature de manière humoristique. Il dénonce au contraire, comme d’autres personnalités politiques et médiatiques indiennes, une représentation «raciste» de l’Inde.
Dans un tweet, il s’insurge: «C’est outrageusement raciste, «Der Spiegel». Caricaturer l’Inde de cette manière n’a rien à voir avec la réalité. Le but c’est de descendre l’Inde et de faire de la lèche à la Chine.»
Le vice-président et porte-parole du BJP – le parti indien au pouvoir — Baijayant Jay Panda, s’est également dressé contre ce dessin de presse. Paru dans un titre outre-Rhin, il n’a pas hésité à renvoyer l’Allemagne à son passé et plus précisément à «l’holocauste».
Patrick Chapatte ne s’attendait pas à une telle réaction. «Ce dessin montre uniquement qu’en termes de population, l’Inde est en train de dépasser la Chine. Et que, derrière ce phénomène, il y a un fond de disparité économique. Je l’ai illustré en utilisant l’image du train indien bondé. C’est un stéréotype, qui reste néanmoins vrai dans certaines régions du pays.»
Le dessinateur regrette que l’affaire ait suscité un tel emballement sur internet. «Tout est parti d’un tweet d’une personnalité politique indienne, qui s’est servi de cette occasion pour exciter les foules. Apparemment, cela touche à la susceptibilité de dirigeants nationalistes. Mais mes amis indiens ont bien vu que s’il y a un train sur lequel on a envie d’être, c’est celui rempli de joie qui représente l’Inde plutôt que le TGV chinois.»
Cet article a été modifié le 3 mai, pour ajouter la réaction de Patrick Chappatte.
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