Vue de l’espace, notre bonne vieille planète est toute bleue parce que les océans la recouvrent aux trois quarts. Cette miraculeuse boule de vie accueille en ses mers, ses cieux et ses terres environ 8 millions d’espèces animales et végétales, qui mènent leur existence sans se rendre compte que leur maison, protégée du néant par une atmosphère d’azote et d’oxygène parfaitement équilibrée, tourne sur elle-même à plus de 1600 km/h. Ce faisant, elle décrit, cent fois plus vite encore, des orbites elliptiques de 365 jours autour du soleil, dont la masse prodigieuse la retient de s’égarer dans le cosmos, tout en produisant chaque seconde autant d’énergie que 10 milliards de bombes nucléaires. On compterait jusqu’à 200’000 trillions de telles étoiles dans notre univers, en constante expansion depuis sa création il y a environ 13,8 milliards d’années.
Il faudrait des vies illimitées pour commencer à se représenter ces notions. Plus encore pour se figurer que chacun de nous fait partie du tout que constitue cet infini d’espace et de temps. Si tant est que le concept de temps lui-même ait un sens: pour la physique quantique, le déroulement chronologique tel que nous l’entendons n’existe pas à l’échelle de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Il ne serait qu’une construction dont nous aurions besoin, humbles créatures terrestres, pour échafauder une perception de notre existence et faire sens de notre environnement. Vertigineux.
Puisqu’on parle de temps, tiens, il est heureusement des choses plus faciles à appréhender. À la fin du mois dernier, l’Union patronale suisse nous rappelait que la place économique suisse manque de bras. Son président, Valentin Vogt, estime qu’il faudrait rapidement 300’000 personnes de plus pour faire tourner le pays de manière adéquate. Comme ça va être compliqué, il juge que ce qu’il faut en attendant, c’est qu’on travaille plus. Il propose ainsi huit «mesures concrètes», parmi lesquelles retourner à des horaires de travail plus longs ou repousser l’âge de la retraite. Les Suisses sont devenus des feignasses, bossant annuellement en moyenne 14 jours de moins qu’il y a dix ans. Pire, la manie du temps partiel se généralise. Certains se sont mis à rêver à autre chose que de passer toutes leurs journées à leur bureau, leur chantier, leur comptoir, leur call center. Pourquoi? Quelles autres aspirations peut-on bien nourrir? À quoi nos âmes pourraient-elles bien tendre à s’élever? Je ne sais pas.
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Grain de sable – Mystères de l’infiniment petit