Pour anticiper ce qui nous attend demain, rappelons-nous de ce qui s’est passé hier. Retour en 39-45. Pour «réparer» les blessés de guerre, la chirurgie reconstructive se développe à vitesse grand V. Quelques années plus tard, changement de paradigme. On ne se contente plus de réparer. On améliore, on peaufine, on transforme: bienvenue dans l’ère de la chirurgie esthétique.
Aujourd’hui, avec l’avènement des interfaces cerveau-machine, qui permettent de se servir de son cerveau comme d’une télécommande, l’histoire se répète. Là encore, on commence par réparer. La paraplégie, la tétraplégie, Parkinson, les AVC, des patients amputés qui retrouvent un membre devenu entre-temps robotique, des exosquelettes complets pour des personnes atteintes du syndrome d’enfermement… Les perspectives sont à la hauteur de la prouesse technologique. Elles sont vertigineuses.
«Préparez-vous à la neurochirurgie esthétique. Le rêve – ou le spectre – du transhumanisme, qui vise à augmenter nos capacités par la science et la technologie, n’a jamais été si proche.»
On devine la suite. Dopée par la concurrence, les progrès techniques et un intérêt commercial indéniable, la technologie finira par sortir du champ thérapeutique. Préparez-vous à la neurochirurgie esthétique. Le rêve – ou le spectre – du transhumanisme, qui vise à augmenter nos capacités par la science et la technologie, n’a jamais été si proche.
Le neuroscientifique de l’EPFL Grégoire Courtine, que la question de l’homme augmenté «n’intéresse pas», soupire quand on lui pose la question. Mais il sait que c’est inévitable. «Comment pourrons-nous empêcher quelqu’un de s’offrir une thérapie pour augmenter ses capacités cérébrales?»
L’homme augmenté arrive. Dans un premier temps, on n’y prendra pas garde. Les débuts pourraient même être ludiques. Demain, fini les manettes de consoles de jeux vidéo, on guidera les personnages à l’écran par la pensée. Peut-être même verrons-nous notre voiture tourner à droite simplement parce que nous l’avons voulu.
Et après? Nos cerveaux finiront-ils par fusionner avec une intelligence artificielle comme certains l’imaginent déjà? Face au champ des possibles, la boîte à fantasmes tourne à plein régime. Quitte à effrayer.
Pour nous rassurer, écoutons ceux qui savent. Comme Yohann Thenaisie, comédien-neuroscientifique de pointe de passage à Lausanne ce week-end pour une conférence-spectacle. Son message démystificateur: n’ayez pas peur des cyborgs.
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Éditorial – N’ayons pas peur des cyborgs!
Les interfaces cerveau-machine permettent aujourd’hui de «réparer» l’homme. Demain, elles permettront sans doute de l’augmenter. Avec quelles conséquences?