Bande dessinéeNicolas Pegon invite dans les cases d’une chienne de vie
Le Français imagine une enquête par des personnages en perdition dans «Hound Dog».

Elvis qui fait «ouaf», un chien bâtard trop collant, un cerf tué sur la route et un pendu pavillonnaire. En empruntant le titre de sa bande dessinée au King – «You ain’t nothin’ but a hound dog» – Nicolas Pegon se projette dans une Amérique érodée, clignotant d’emblèmes pop délavés, dont on ne sait si elle se situe dans un avenir proche ou dans un passé récent. Dans ces zones indéterminées, périphériques, César se réveille un matin dans son appartement délabré avec un chien au pied de son lit. Son colocataire perdu dans les lunettes d’immersion de son jeu vidéo n’a rien vu.

Fort d’une capacité graphique impressionnante et d’un art de la découpe éloquent, le dessinateur développe une trame narrative simple mais surprenante qui lui permet surtout d’insérer des atmosphères au pittoresque glauque et des thématiques secondaires comme la maladie et le système médical à la dérive.
Il y a du Hopper et du Bukowski dans cette histoire dévastée où deux pauvres types mènent l’enquête sans grande conviction. Si le fantôme de Presley se fait un peu attendre, il n’est pas interdit d’invoquer ceux des chansons de Lana Del Rey en B.O. de cette bande dessinée qui allie graphisme pop et déglingue des atmosphères.
Boris Senff travaille en rubrique culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l'architecture, les beaux-arts.
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