Secrétaires municipaux«Notre travail, c’est de mettre de l’huile dans les rouages»
L’association vaudoise des «greffes» fête ses 70 ans. Questions à son président, Pierre-André Dupertuis, qui officie à La Tour-de-Peilz.

Sur ses vingt ans de secrétariat municipal à La Tour-de-Peilz, Pierre-André Dupertuis en a passé la moitié à la présidence de l’association vaudoise de la profession. Il a rempilé pour sa dernière année lors de l’assemblée générale du 8 octobre dernier, qui marquait aussi les sept décennies de l’association née en 1951.
Pierre-André Dupertuis a en effet décidé de lâcher un peu de lest au niveau cantonal pour mieux se consacrer à sa fonction de membre du comité de la Conférence suisse des secrétaires municipaux, au sein de laquelle il a été élu en 2020. Un petit point de situation avec lui sur une profession un peu à part.
Un secrétaire municipal, c’est comme un 6e ou 8e municipal, non?
Absolument pas! Nous sommes au service des politiques. Notre rôle est de mettre de l’huile dans les rouages du moteur, mais le carburant viendra toujours des politiques. Avec les années, on acquiert des connaissances, on peut avoir une influence, mais ce sont eux qui prennent les décisions. Si le secrétaire municipal tente de se substituer à un municipal, c’est qu’il y a un problème. La loi sur les communes précise clairement le rôle du secrétaire municipal. Est-ce qu’il arrive que certains outrepassent leurs fonctions? La question se pose pour tout chef de service: où est la frontière? Elle dépend en premier lieu de la nature de la collaboration et de la façon dont le politique conçoit son travail: très impliqué dans l’opérationnel ou pas? C’est avant tout une question de rapports humains.
On a l’impression que le métier reste un bastion masculin.
Non. Il est vrai que l’on trouve une forte proportion d’hommes dans les grandes et moyennes communes, probablement parce qu’il s’agit de postes à 100%, mais les femmes sont très majoritaires dans notre association – 80%! – parce que très présentes dans les petites communes où le taux d’activité est plus bas. Mais ces choses-là évoluent. Les municipalités se féminisent et sont donc plus attentives à engager des femmes. Reste que lorsque des postes sont mis au concours, la part de candidats masculins est beaucoup plus importante.
Les secrétaires municipaux semblent de plus en plus exposés. Celui de Vevey avait été pris à partie lors de la crise en Municipalité de la dernière législature.
Je ne veux pas entrer dans le détail du cas de Vevey, qui est une situation heureusement rare. Nous avions été sollicités dans le cadre de l’audit qui avait été mené, pour mettre en perspective la problématique du rôle. Quand des tensions apparaissent au sein d’un collège, le secrétaire municipal peut très rapidement être pris en otage et accusé – à tort – de prendre parti. Notre rôle est de venir en aide à nos membres, mais il n’y a pas de solution miracle. Quand le lien de confiance est rompu, il est difficile de le rétablir. Si la base du métier évolue relativement peu au vu du cadre institutionnel strict, les outils de communication, les réseaux sociaux, la vitesse à laquelle circulent les informations mettent une pression supplémentaire.
De quoi raccourcir la «durée de vie» des bons vieux «greffes»?
Je n’ai pas de statistique sur la question, mais oui, elle s’est sans doute raccourcie, ce qui n’est pas propre à ce métier en particulier. Il y a aussi un plus grand tournus au sein des municipalités, ce qui est susceptible d’user plus rapidement. À noter que cela ne m’empêche pas d’officier depuis vingt ans.
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