Théâtre à LausanneNuit kafkaïenne dans les murs du 2.21
Gian Manuel Rau s’est inspiré des œuvres de l’écrivain tchèque pour «Mes nuits ne dorment pas», rêverie déambulatoire.

Une voix féminine résonne sous la voûte du Théâtre 2.21. «Il n’y a pas de place pour les morts ici!» On entrouvre la porte, nous voilà dans un monde peuplé d’êtres fantomatiques. Dans un songe, peut-être? Dirigés par Gian Manuel Rau, les comédiens de «Mes nuits ne dorment plus», à l’affiche du 14 septembre au 3 octobre, composent une partition inspirée des écrits de Kafka. Ou plutôt des atmosphères troubles et mélancoliques émanant de ses œuvres. «Il écrivait de nuit, rappelle le directeur de la Cie Camastral. C’était un grand insomniaque volontaire, il cherchait à se mettre en état de transe.»
«Les personnages de Kafka sont tellement loin de la psychologie qu’on peut difficilement en faire des rôles de théâtre.»

Comme des revenants qui hanteraient une maison, les artistes ont pris possession du théâtre lausannois jusque dans ses moindres recoins. Dans leur sillage, les spectateurs déambuleront d’un espace à l’autre comme dans une succession de rêves – ou de cauchemars. «Les personnages de Kafka sont tellement loin de la psychologie qu’on peut difficilement en faire des rôles de théâtre, observe Gian Manuel Rau. Mais on peut les emmener dans une immersion collective onirique.» Un monde fantasmagorique, nimbé de variations sonores. Tantôt, les notes dissonantes d’un piano envahissent fortissimo la voûte du théâtre; tantôt, des voix lointaines murmurent des mots à peine audibles. Comme si les murs chuchotaient.

Pour mieux saisir l’âme kafkaïenne, le metteur en scène alémanique a donc lu l’ensemble des œuvres de l’écrivain tchèque – romans, nouvelles, lettres et, surtout, son journal intime. «Son journal ressemble à un tas de tessons de verre, à une immense mosaïque déconstruite qui révèle un état de détresse, de peur.» Mais dans ces tréfonds se tapit un humour qu’il s’agit de mettre en lumière. «Ses textes sont souvent très drôles, parfois au deuxième voire au troisième degré. Il imaginait des événements graves, angoissants, mais toujours avec un enjeu hilare.» Pour Gian Manuel Rau, Kafka nous donne la liberté d’observer le monde avec le regard d’un enfant.
Lausanne, Théâtre 2.21Du 14 sept. au 3 oct.
Rens. 021 311 64 14www.theatre221.ch
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