Pédocriminalité en FranceOlivier Duhamel reconnaît les faits d’inceste sur son beau-fils
Le politologue a été entendu mardi dans le cadre de l’enquête pour des agressions sexuelles dont l’accuse son beau-fils.

Olivier Duhamel, accusé d’avoir violé son beau-fils «Victor» Kouchner lorsque ce dernier était mineur dans les années 1980, a reconnu «difficilement» les faits lors de son audition mardi devant les policiers, dans cette affaire qui a relancé le débat sur la prescription de l’inceste.
Plus de deux mois après l’ouverture d’une enquête pour «viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans», M. Duhamel, 69 ans, a été entendu comme suspect libre par la Brigade de protection des mineurs (BPM), a indiqué mercredi à l’AFP le parquet de Paris, confirmant une information de TF1.
Le politologue de renom, ancien eurodéputé, a reconnu «difficilement» les faits d’inceste sur son beau-fils, «Victor» Kouchner, a précisé à l’AFP une source proche du dossier.
Les accusations contenues dans le livre «La Familia Grande» ont fait grand bruit depuis janvier : dans ce récit autobiographique, Camille Kouchner accuse son beau-père d’avoir abusé de son jumeau, surnommé «Victor», à la fin des années 1980.
Aujourd’hui âgé de 45 ans, «Victor» a déposé plainte contre M. Duhamel à l’issue de son audition le 21 janvier par la BPM.
Fils de l’ancien ministre Bernard Kouchner et de la professeure de droit Evelyne Pisier (morte en 2017) qui s’était remariée avec Olivier Duhamel, «Victor» avait été interrogé dans une première procédure ouverte en 2011. Il avait alors refusé de déposer plainte pour ces faits, probablement prescrits.
Camille et Bernard Kouchner ont également été entendus par les enquêteurs, tout comme la fille et le fils qu’Olivier Duhamel et Evelyne Pisier avaient adoptés dans les années 1980. Leur fils adoptif, trentenaire, a assuré aux policiers que le politologue n’avait pas abusé de lui.
Contactées, les avocates de M. Duhamel et de «Victor» Kouchner n’ont pu être jointes par l’AFP.
Libération de la parole et débat
Après les révélations, Olivier Duhamel avait alors dénoncé des «attaques personnelles» et démissionné de l’ensemble de ses fonctions, à la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) ou du club d’influence «Le Siècle». Il a arrêté ses émissions sur LCI ou Europe 1.
Des proches du couple Duhamel-Pisier ont également démissionné, comme Frédéric Mion, directeur de Sciences Po Paris, ou l’ancienne ministre socialiste, Elisabeth Guigou, qui a renoncé à présider la commission indépendante sur l’inceste.
La publication du livre de Camille Kouchner a suscité une libération de la parole avec de nombreux témoignages sur l’inceste, notamment sur les réseaux sociaux.
Coline Berry-Rojtman a déposé plainte en février contre son père, le comédien Richard Berry, qu’elle accuse de «viols et d’agressions sexuelles» quand elle était enfant dans les années 1980. La lecture du récit de Camille Kouchner font partie des raisons qui ont encouragé sa démarche, avait-elle expliqué.
D’autres personnalités ont à leur tour été accusées de viols ou d’agressions sexuelles sur mineurs et font l’objet d’enquêtes judiciaires comme l’artiste Claude Lévêque ou le producteur de télévision Gérard Louvin et son mari.
La publication de «La Familia Grande» a également relancé le débat sur la prescription des agressions sexuelles commises sur les mineurs, divisant notamment les avocats.
Le président Emmanuel Macron a demandé «une consultation afin d’approfondir les pistes qui permettront de renforcer la loi pour mieux punir les auteurs et qu’il ne soit plus possible d’entendre qu’un enfant consent à une relation sexuelle avec un adulte».
«Vous ne serez plus jamais seules. On est là. On vous écoute. On vous croit», avait déclaré le président français en s’adressant aux victimes dans une vidéo postée en janvier sur les réseaux sociaux.
Une proposition de loi pour renforcer la protection des mineurs face aux violences sexuelles, qui doit être examinée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, fixe notamment à 15 ans l’âge en dessous duquel un enfant est considéré non consentant pour un acte sexuel avec un adulte. Ce seuil est porté à 18 ans en cas d’inceste.
ATS
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