On a retrouvé des notes de voyages inédites de Paul Morand
L'auteur de «Hécate» et de «L'homme pressé» était un épicurien du voyage. Dix-sept ans avant son exil politique et son séjour à Vevey, il se rendit aux Antilles avec sa femme.

C'est par hasard que Dominique Lanni, écrivain et éditeur, était tombé en 2010 sur des carnets de voyage que Paul Morand (1888-1976) rédigea vers la fin d'un long périple aux Caraïbes en 1927. En fait une lune de miel tropicale, en compagnie de la riche princesse roumaine Hélène Soutzo, que le fringant diplomate et homme de lettres venait d'épouser – et qu'il vénérera durant cinquante ans, tout en la trompant… Après un séjour à Cuba, le couple s'embarque pour le Mexique et rejoint les Etats-Unis. Plus tard, les revoilà sur mer, cinglant de la Guadeloupe et de la Martinique jusqu'au Venezuela, en passant grosso modo par l'île de la Trinité, La Guaraya, puis mettant le cap sur Curaçao et Haïti. C'est à partir du mois de novembre de cette année-là que Paul Morand a commencé à dater ses observations dans ses pages. Aujourd'hui regroupées, elles sont délicieuses à lire: «On me fait entendre une meringue, dans une danse haïtienne mollement écrite par une élève de notre Conservatoire, et noyée dans une sauce de virtuosité et d'habileté.» En fait de meringue, il s'agissait déjà du genre musical dominicain du merenghe!