Parce que personne n’osait affronter l’émergence de mouvements aussi abjects, on pensait naïvement la Suisse à l’abri de la gangrène du racisme ordinaire. On se trompait… La Super League helvétique n’est pas épargnée par ce fléau du football moderne.
Insultes discriminatoires, cris de singe proférés à l’encontre de Timothy Fayulu, gardien du FC Sion, descendus des gradins du kop saint-gallois, provocations déplacées et stupides règlements de comptes: notre pays a été samedi soir le théâtre de scènes de Far West et de désolation dont on le pensait préservé.
En étant confrontée à l’ignominie humaine, la Suisse a été rattrapée à son tour par le racisme. Des précédents isolés existent certes, mais ils n’avaient jamais atteint un tel degré d’infamie.
Les clubs doivent faire le ménage
Avant même d’établir les responsabilités des uns et des autres, il convient surtout de ne pas banaliser ce qui s’est passé au Kybunpark. Tant ce qui s’est passé à Saint-Gall aurait pu survenir partout ailleurs.
Ce déchaînement de violence (peu importe son expression) intervient alors même que les enceintes helvétiques viennent de retrouver leurs spectateurs après plus d’une saison de huis clos contraignant.
Évidemment, ceux-ci ne sont pas tous des voyous, loin s’en faut et heureusement, mais il subsiste ici et là des individus méprisables n’ayant rien des prétendus supporters dont ils se réclament.
C’est cette vermine qu’il faut combattre, sans relâchement et avec la plus extrême fermeté. Quitte à sanctionner lourdement – tribunes fermées, retrait de points, etc. – les clubs ne parvenant pas à faire le ménage parmi leurs fans.
On ne doit pas tolérer l’intolérable au prétexte fallacieux que les émotions font partie du spectacle. Toujours la même rengaine, la même acceptation de l’inacceptable.
Ce week-end, Peter Zeidler lui-même n’a sans doute pas compris la maladresse de ses propos lorsque le technicien allemand a cherché à dédouaner ce qui avait provoqué les prolongations de la honte. «Le racisme n’existe pas à Saint-Gall», assurait-il.
Se taire, c’est être complice
Dans cette affaire, on aurait aimé entendre la Ligue, mais ses dirigeants sont demeurés silencieux, se bornant à annoncer l’ouverture d’une enquête. Avant de condamner ces agissements dimanche en fin d’après-midi, le FC Saint-Gall a lui aussi mis du temps à réagir. Or, se taire, c’est être complice d’une dérive, c’est encourager les comportements nauséabonds.
Un stade, lieu de vie par excellence, n’a pas à être un défouloir destiné à mettre en scène la haine de ceux qui attisent l’intolérance face à nos différences (de peau, d’origine, de culture, etc.).
Ceci n’a pas lieu d’être en Suisse, ni ailleurs. Éradiquer le racisme n’est certes pas un match gagné d’avance car cela équivaut à lutter contre la bêtise des hommes qui l’instrumentalisent. Mais ne pas sanctionner, ne rien tenter ni faire donnerait raison aux extrémistes de tous bords. Le football doit célébrer l’unité des hommes, pas leur division.
Au lieu de pouvoir y contempler la richesse de nos différences, son miroir nous renvoie aujourd’hui une image déformée, grossissante des mesquineries des uns et de la lâcheté des autres. Une image qui fait honte.
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Commentaire – On ne doit pas tolérer l’intolérable
Les tristes événements survenus samedi à Saint-Gall, où le gardien du FC Sion a été victime d’insultes racistes, méritent une réponse exemplaire. Face à la haine, il convient de frapper fort pour éradiquer un fléau qui gangrène le football.