MigrantsOxfam dénonce «maltraitance» et «exploitation» en Grèce
La nouvelle loi sur l’asile votée en Grèce est dénoncée par les associations qui considèrent que l’Union européenne est complice.

Oxfam a fustigé jeudi la nouvelle loi sur l’asile votée récemment en Grèce, qui entraîne selon l’ONG «maltraitance» et «l’exploitation des gens» et constitue «une atteinte flagrante à l’engagement humanitaire de l’Europe à protéger les personnes fuyant persécutions et conflits».
«Le nouveau système d’asile est conçu pour déporter les gens au lieu de leur offrir sécurité et protection», ont dénoncé dans un communiqué Oxfam et le Conseil grec des réfugiés, une ONG dépendant du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). «Cela signifie que les gens qui fuient la violence et la persécution ont peu de chances de bénéficier d’une procédure d’asile équitable, et les familles avec des enfants sont régulièrement détenues dans des conditions inhumaines», ajoutent ces ONG.
Parmi les priorités du gouvernement conservateur grec de Kyriakos Mitsotakis, au pouvoir depuis un an, figurait l’objectif de réduire le nombre de migrants et réfugiés arrivant sur le territoire grec depuis la Turquie voisine. Après la crise migratoire de 2015, la Grèce est redevenue en 2019, la principale porte d’entrée en Europe des demandeurs d’asile. Ainsi, le gouvernement a décidé de durcir sa politique migratoire en accélérant les procédures d’asile, en dépit des droits des réfugiés, ou en réduisant leur accès aux services de santé ou d’aide légale.
L’UE complice
Dans un rapport publié jeudi, les deux ONG expliquent comment la réforme de la législation sur l’asile en Grèce, en vigueur depuis le 1er janvier et amendée en mai, «expose les gens à la maltraitance et à l’exploitation». «Cette situation s’aggrave en raison des conditions de vie inhumaines dans les camps surpeuplés en Grèce où les gens sont confrontés à une crise sanitaire si le Covid-19 apparaît dans les camps», explique ce texte.
Pour Evelien van Roemburg, la directrice de la campagne migratoire d’Oxfam en Europe, «la nouvelle loi en Grèce est une atteinte flagrante à l’engagement de l’Europe à protéger les gens qui fuient les conflits et les persécutions». Selon elle, «l’Union européenne est complice de cet abus car elle a utilisé la Grèce comme un laboratoire d’essai pour les nouvelles politiques» d’asile. «Nous sommes extrêmement préoccupés par le fait que ce système d’asile (grec) pourrait servir de schéma directeur pour la réforme de la politique d’asile envisagée prochainement en Europe», a-t-elle souligné.
Plus de 33’000 demandeurs d’asile vivent dans des camps sordides sur cinq îles de la mer Egée, dotés d’une capacité d’accueil pour seulement 5400 personnes tandis qu’environ 70’000 s’entassent dans d’autres installations sur le continent.
AFP/NXP
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