Théâtre jeunesse«OZ» ou le voyage intérieur
Joan Mompart redonne intériorité et modernité au «Magicien d’Oz». À voir au Petit Théâtre de Lausanne. Critique.

Pour le Petit Théâtre de Lausanne, l’année 2022 s’était close avec un «Little Nemo» voyageant dans l’onirisme. Avec «OZ», la salle destinée à la jeunesse enchaîne sur une thématique similaire avec des sources datant à peu près de la même époque et du même terreau culturel: l’Amérique du début du XXe siècle.
En reprenant «Le magicien d’Oz», roman de Lyman Frank Baum paru en 1900, Joan Mompart, directeur du théâtre genevois Am Stram Gram où la pièce a été créée, remet les pendules de la contrée magique à l’heure de la modernité.
Le metteur en scène amorce son récit sur écran par une référence immédiate au film de Fleming (1939) – avec Judy Garland dans le rôle de Dorothy et le fameux tube «Over the Rainbow» qui résonnera longtemps dans les oreilles des spectateurs. Mais aussi par l’image de Dorothy et de son père qui descendent un escalier roulant en commençant une dispute.
Souliers d’argent
La fillette n’est donc pas transportée sur les terres d’Oz par une tornade, mais en s’évanouissant dans un centre commercial où elle harcelait son père pour une paire de souliers d’argent devant les employés stupéfaits du magasin de chaussures, qui deviennent les personnages clés de son aventure intérieure.
L’écran laisse ensuite la place à une scénographie simple et efficace: un mur de doudous impressionnant. Dans ce décor qui rappelle jusqu’à l’obsession les liens de l’enfance, Dorothy (Clémentine Le Bas) rencontre un vigile sans cervelle – formidable Matteo Prandi, tant dans la gestuelle que dans l’élocution délirante –, un boucher sans cœur et une responsable commerciale sans courage.
Utilisant les codes du théâtre contemporain, Joan Mompart ne lâche pas pour autant son récit, malgré les séquences stroboscopiques, la désignation des artifices théâtraux (particulièrement bien ajustée dès lors qu’il s’agit de démystifier le magicien!) et la réactualisation du propos. La gentille sorcière devient la figure de la mère disparue et «OZ» peut filer vers sa conclusion, des retrouvailles paternelles marquées par le délestage de quelques illusions néfastes. Une rénovation dynamique et réussie.
Lausanne, Petit Théâtre, jusqu’au 12 février. www.lepetittheatre.ch
Tout public dès 7 ans.
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