Les pensions alimentaires, c’est comme les impôts: même si c’est très utile, on a toujours l’impression d’en payer trop. Demandez à n’importe quel ami divorcé ce qu’il en pense – il se lancera dans le détail de ses versements, soupçonnant toujours un peu son ex-épouse de profiter de la situation.
Pourtant, l’Office fédéral de la statistique dit tout le contraire: «Les personnes versant une pension alimentaire risquent en général moins de basculer dans la pauvreté que celles vivant dans un ménage avec enfants et recevant une pension alimentaire.» Pourquoi? Parce que ce sont les mères qui ont en majorité la garde des enfants. Et comme elles sont encore plus nombreuses à travailler à temps partiel, elles gagnent moins. Résultat: malgré les progrès vers l’égalité, le problème est genré. En cas de divorce, les femmes gardent les enfants, les hommes paient.
Beaucoup le font sans rechigner. Ce n’est pas toujours simple, car le calcul des pensions ne prend pas toujours en compte tous les frais réels des parents. Il n’est pas rare que certains pères s’endettent, ou vivent sous le seuil de pauvreté, pour pouvoir verser leur contribution d’entretien. Le problème, dans les séparations, c’est que les charges augmentent (deux loyers notamment au lieu d’un), mais pas forcément les revenus…
Quand les pères ne peuvent plus payer, ils peuvent tenter de modifier le montant de leur pension, mais la procédure risque de durer des mois, voire des années. Comme le montre notre enquête, en 2022, les contribuables vaudois ont dépensé plus de 14 millions de francs pour payer les pensions alimentaires à la place de 1700 personnes ne l’ayant pas fait – des pères, dans leur immense majorité.
Ces mauvais payeurs ont des profils tous différents: parfois ils sont au chômage, ont eu un accident ou fait une dépression qui a drastiquement réduit leurs revenus. D’autres ont quitté la Suisse pour échapper à leurs obligations, laissant ex-épouse et enfants dans la précarité. Certains gagnent bien leur vie mais ont tellement de rancœur qu’ils se vengent en fermant leur porte-monnaie.
Ces pères risquent tous la prison. Car dans notre pays, payer la pension alimentaire est une obligation. Et qui la viole s’expose à une condamnation pénale. Une telle issue n’arrange personne, et les juges que nous avons rencontrés hésitent toujours à y avoir recours.
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Éditorial – Papa n’est pas là, et il ne paie pas
Dans le canton, des milliers d’hommes ne versent pas toujours la pension alimentaire pour l’entretien de leurs enfants.