En ces temps perturbés – Covid, dérèglement climatique et autres extrémismes religieux –, la forêt joue pour beaucoup d’entre nous un rôle salvateur. En cueillant des champignons, en se défoulant sur un VTT ou en courant, en grillant des cervelas au-dessus d’un feu de bois ou, tout simplement, en se baladant accompagné par le chant des oiseaux, elle nous permet de nous ressourcer, de «survivre» dans notre quotidien de plus en plus anxiogène. Et ce, sans même aller jusqu’aux «bains de forêt» ou à la sylvothérapie, ces câlins aux arbres si tendance et ressourçants selon leurs adeptes.
Malheureusement, un vieux proverbe rappelle que «la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres». La protection de l’environnement, elle aussi, est souvent peu compatible avec nos épanouissements individuels, parfois contradictoires. Les cavaliers énervent les vététistes, qui irritent les promeneurs, eux-mêmes les cauchemars des écologistes…
Le projet de Parc naturel périurbain du Jorat, qui est en train de se concrétiser dans les forêts lausannoises est, en ce sens, emblématique: partisans et opposants se revendiquent tous deux d’être des «amoureux de la forêt». Mais pas de la même façon et pas pour les mêmes raisons…
Seuls deux éléments permettent de briser ce cercle infernal: l’organisation du territoire et la compréhension mutuelle. Le premier est du ressort des collectivités: ce n’est qu’en créant des places pour les campeurs, des pistes VTT ou de course à pied, des espaces pour pique-niquer, que l’on peut, ensuite, interdire certaines pratiques ou accès dans les endroits sensibles.
Le second est du ressort de la responsabilité individuelle: plutôt que de voir l’autre utilisateur de la forêt comme un «nuisible», il faut se rappeler que l’on partage avec lui, au minimum, le plaisir d’être en forêt. Là se trouve le premier pas du chemin (forestier) menant vers la cohabitation.
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Éditorial – Parce que la forêt n’est pas «ma» forêt
Source de mieux-être pour une grande partie de la population, les espaces forestiers cristallisent les différences de philosophie entre leurs utilisateurs.