Paris et Delhi se posent en leaders dans la lutte contre le réchauffement climatique
L'Alliance solaire internationale accélère la transition énergétique des pays du Sud. Elle a tenu son premier sommet à Delhi.

Rampur, à 150 kilomètres de Delhi, est une bourgade rurale comme tant d'autres en Inde. Ici, les coupures de courant sont quotidiennes, jusqu'à douze heures par jour. Une start-up locale, Simpa Networks, a eu l'idée d'installer chez ceux qui le peuvent des panneaux solaires reliés à une batterie qui stocke le courant en journée. Piyush Mathur, le PDG, nous emmène dans un quartier où il a quatre clients. Aparna Singh, enseignante, ne tarit pas d'éloges sur son panneau acheté grâce à un emprunt: «L'an dernier, j'enseignais dans une école publique où les élèves n'avaient pas de courant. Ils ne travaillaient pas le soir et leur niveau scolaire en souffrait.» Simpa Networks compte 40 000 clients et en espère un million d'ici deux ans et demi.
L'essor des panneaux photovoltaïques à Rampur illustre l'enjeu du sommet de l'Alliance solaire internationale (ASI), qui a eu lieu dimanche. Le développement des énergies renouvelables dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants est le seul moyen de réduire la dépendance au charbon. «Les émissions des pays émergents ont explosé à partir des années 90. Si l'on veut lutter contre le réchauffement, le développement économique de cette partie du monde doit aller de pair avec les énergies vertes», explique Christian Déséglise, spécialiste de la finance durable chez HSBC. Mais la construction de centrales solaires dans les pays du Sud reste un défi. «Les projets sont complexes à financer, trop petits et difficiles à mutualiser, car le cadre réglementaire est disparate», poursuit Christian Déséglise. Régie par un traité qui engage les pays membres, l'ASI planche sur un cadre juridique harmonisé.
«Si l'on veut lutter contre le réchauffement, le développement économique de cette partie du monde doit aller de pair avec les énergies vertes»
L'implication d'institutions financières est attendue pour allouer des prêts et des garanties. Durant le sommet, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé le déblocage de 820 millions de francs d'ici à 2022 par le biais de l'Agence française de développement. Et la Banque européenne d'investissement s'est engagée sur 175 millions, avec pour objectif un levier de financement de 500 millions. L'ASI veut mobiliser 950 milliards de francs et déployer 1000 GW de capacité solaire d'ici à 2030.
«Il est politiquement important pour le président Macron et le premier ministre indien Modi d'apparaître comme les leaders de la nouvelle politique environnementale, après le retrait des États-Unis de l'accord de Paris», décrypte Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS. Côté indien, le gouvernement ambitionne d'augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à 40% en 2030, contre 15% en 2015. En deux ans et demi, la capacité photovoltaïque indienne a bondi de 4 à 17 GW. Mais la filière charbon représente 58% de la capacité électrique installée et elle a bénéficié de 23 GW supplémentaires depuis octobre 2015, autant que le renouvelable. Enfin, l'ASI permet à l'Inde d'étendre son influence en Afrique face au rival chinois: sur les 26 pays qui ont ratifié le traité, on compte douze nations africaines.
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