Le lancement de la campagne du Conseil fédéral contre les initiatives antipesticides n’a pas dérogé à la règle. Il suffit comme d’habitude de déclarer les initiatives écolos «d’extrêmes» et de «nocives pour l’emploi» pour plier le sujet. En ajoutant bien sûr un peu de pommade: «Le Conseil fédéral partage les préoccupations des initiants pour une agriculture durable», a affirmé ce mardi Guy Parmelin, ancien viticulteur et chef du Département fédéral de l’économie.
Le conseiller fédéral est passé comme chat sur braise sur le fait que la Suisse ne se fixait pas d’objectifs rapides et contraignants pour diminuer l’utilisation des pesticides. Il préfère s’enorgueillir du fait que notre pays pratique la rotation des sols depuis 2002, ce qui permet de baisser naturellement l’usage de produits phytosanitaires. «L’Union européenne vient juste de s’y mettre», se réjouit le Vaudois.
«La Suisse traîne les pieds pour réorienter ses subventions agricoles en faveur d’un modèle préservant l’environnement.»
Le problème, c’est que l’UE avec son agriculture intensive n’a jamais vraiment été un modèle en la matière. Et la Suisse traîne aussi les pieds pour réorienter ses subventions agricoles en faveur d’un modèle préservant l’environnement. Guy Parmelin en sait quelque chose. Il vient de recevoir un camouflet du parlement, qui a décidé de suspendre son projet de nouvelle politique agricole 2022 – laquelle allait dans un sens un poil plus écologique.
Qu’on le veuille ou non, les préoccupations environnementales continuent de progresser dans l’opinion publique. Il est donc un peu surprenant d’entendre Guy Parmelin qualifier ces initiatives populaires de «schizophréniques». On peut lui retourner la question: n’est-il pas schizophrénique que le contribuable suisse paie des milliards chaque année pour une agriculture qui pollue encore trop les sols et certains cours d’eau?
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Éditorial – Parmelin sous-estime l’enjeu
Le conseiller fédéral combat les deux initiatives antipesticides, affaibli par le gel de sa réforme agricole.