Rejet de l’e-IDPartisans et opposants veulent une nouvelle solution rapide
L’émergence d’une alternative qui inspire confiance à la population s’avère nécessaire, après le rejet de la loi sur l’identité électronique lors des votations de dimanche.
Partisans et adversaires de la loi sur l’identité électronique (e-ID), rejetée par le peuple, s’accordent sur la nécessité d’une nouvelle solution rapide et viable, qui inspire confiance à la population. La manière de procéder reste cependant ouverte.
En rejetant l’e-ID, la Suisse manque une occasion de donner une impulsion à la numérisation du pays, regrette le PLR. Le parti rappelle que le sujet de l’introduction d’une identité électronique est depuis 15 ans sur la table.
La crise du coronavirus, en particulier, a mis en lumière des problèmes concernant le rôle de l’Etat dans les solutions informatiques, par exemple dans les applications relatives aux vaccinations, a déclaré la présidente du PLR Petra Gössi sur Blick TV. Une solution étatique ne viendra pas si rapidement, avertit-elle.
Dans la même émission, le président de l’UDC Marco Chiesa a estimé qu’au vu du résultat, la proposition n’était manifestement pas la bonne. Il est maintenant impératif de s’asseoir autour d’une table pour trouver une solution.
Le Centre regrette également le rejet de la loi, qui aurait été important pour la transformation numérique. Le parti exige à présent de nouvelles idées et approches, car le pays a besoin d’une solution suisse moderne et pleine d’avenir en matière d’e-ID.
Une «décision de principe»
Pour le coprésident du PS Cédric Wermuth, le peuple a pris dimanche une décision de principe, en disant qu’il souhaite garder un contrôle démocratique sur les données, a-t-il dit à Blick TV. Pour le parti, il vaut mieux avancer de manière sûre que trop rapidement.
De leur côté, les Verts notent «avec satisfaction» le rejet de la privatisation de l’identité électronique. Ils se disent prêts à rejoindre une alliance interpartis afin d’exiger rapidement une nouvelle loi minimisant les risques sécuritaires et donnant la priorité à la protection des données.

«L’e-ID étatique doit être sobre en données, décentralisée et comporter dès le début la possibilité de la signature électronique, ce qui l’ouvrirait à des champs d’application intéressants», proposent par exemple les écologistes.
Selon l’Union syndicale suisse (USS), le «non» permet d’éviter la mise en place d’une société à plusieurs vitesses sur Internet et la captation d’informations officielles à des fins de profilage. Il s’agit maintenant de rapidement mettre en place une identification électronique officielle publique, transparente et au service de l’intérêt public.
Pas d’opposition à la numérisation
Le coordinateur romand du référendum sur l’e-ID, Benoît Gaillard (PS), estime que le «non» net des citoyens reflète leur opposition à la gestion privée de l’e-ID, une thématique qui a été au coeur de la campagne.
Selon lui, le résultat du vote n’est pas une opposition à la numérisation, mais une revendication pour une solution sûre, fiable, démocratique et sous contrôle de l’Etat. «On attend du Conseil fédéral de ne pas considérer ce résultat comme une défaite, mais plutôt comme un mandat pour développer une approche globale pour un service public numérique».
Une nouvelle solution étatique devrait être trouvée relativement rapidement, ajoute auprès de Keystone-ATS Erik Schönenberger, codirecteur de campagne du référendum. Tous les partis et les comités s’accordent pour dire qu’il faut trouver assez rapidement une solution étatique viable, dans laquelle la population puisse avoir confiance.
Selon M. Schönenberger, le lancement d’une nouvelle identité électronique est envisageable dans deux ans. Celle-ci pourrait être complétée si nécessaire avec une puce, ce qui permettrait une solution à la fois sûre et peu onéreuse.
«Une occasion manquée»
Avec le rejet de la loi, la Suisse manque une occasion de réaliser une avancée technologique majeure, estime à l’inverse l’Alliance pour une e-ID suisse. Le directeur général de digitalswitzerland Nicolas Bürer souligne sur la SRF que les choses doivent maintenant «avancer rapidement», afin de trouver une solution capable d’emporter une majorité, car «sous sommes en retard», souligne-t-il.
Egalement interrogé sur les ondes de la RTS, il espère qu’un nouveau projet pourra voir le jour dans les deux à trois ans. Faute d’avancées, la Suisse sera perdante en matière d’e-gouvernement. La confiance de la population est également nécessaire pour un tel projet.
L’Union suisse des arts et métiers (Usam) regrette de son côté le «retour en arrière» que constitue le rejet de la loi pour le développement de la cyberadministration et de la numérisation. «Cette décision creuse le retard de la Suisse sur les pays possédant leur propre e-ID depuis des années». La faîtière exige une solution dans les plus brefs délais.
ATS
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