Dans le courant de l’année, la Suisse franchira la barre des 9 millions d’habitants. Et cette même Suisse se dirige actuellement vers une crise du logement. Avec un taux de vacance (vente et location) inférieur à la barre fatidique de 1,5%, le marché national a basculé dans la pénurie.
Pour les experts de Credit Suisse cités par «24 heures», «le marché du logement suisse a connu un renversement total de la tendance ces deux dernières années. Le temps de la suroffre locative omniprésente et du spectre de villes fantômes est révolu.»
Plus proche de nous, le Canton de Vaud se situe à 1,1%. Cette crise du logement couplée à la hausse annoncée de l’électricité ou des primes maladie ainsi que le retour de l’inflation sont autant de signes annonciateurs d’une véritable crise sociale.
«Il existe des moyens de lever la pression en favorisant des projets immobiliers qui mettent à disposition des logements à loyers abordables.»
Mais il existe des moyens de lever la pression en favorisant des projets immobiliers, et notamment ceux qui mettent à disposition des logements à loyers abordables et modérés.
Prenons l’exemple de Montreux, où le manque de logements est criant. Plus précisément, les logements subventionnés ont une durée de subvention limitée et se font rares sur le territoire de la commune. À la fin de l’année 2022, il n’y avait plus que 83 logements locatifs pour lesquels des subventions étaient versées. À un horizon de cinq ans, ce sont uniquement 64 logements subventionnés qui seraient disponibles pour les Montreusiennes et Montreusiens.
On entend souvent l’argument que Montreux dispose de 3000 logements vides. Ne nous trompons pas de débat: ces logements vacants sont des résidences secondaires et ne peuvent pas être remis sur le marché d’un coup de baguette magique. Les biens destinés, eux, à toute la population manquent cruellement.
Loyers record en février
Trois chiffres encore: dans notre coopérative, la SCHaM (Société coopérative d’habitation de Montreux), qui gère 226 appartements sur cette commune, nous avons reçu 60 demandes pour un appartement en 2022 et n’avons pu en satisfaire que huit… Nos appartements, qui ont des loyers inférieurs au prix du marché, sont indispensables pour certains. Car, avec la raréfaction du nombre de logements et la hausse des frais généraux, comme l’électricité et le chauffage, les loyers vont grimper.
L’indice des loyers pour les appartements nouvellement mis ou remis en location calculé par la plateforme immobilière homegate.ch, et relayé par «24 heures», a atteint un niveau record au mois de février de cette année. Et les perspectives vont malheureusement s’assombrir, comme l’annonce le groupe bancaire Raiffeisen. «Les temps s’annoncent difficiles pour les locataires, car les loyers proposés vont de nouveau flamber.»
Les coopératives d’habitation qui prônent des valeurs d’entraide, de solidarité, d’enracinement local et de vivre-ensemble sont une réponse efficace face à la crise. Mais il est nécessaire de leur donner des moyens à hauteur de leur ambition.
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L’invité – Péril en la demeure vaudoise et montreusienne
Face à la crise inéluctable du logement, Olivier Raduljica plaide pour les valeurs portées par les coopératives d’habitation.