TOP 100 Swiss Start-up AwardPetit coup de mou pour les start-up vaudoises
En 2020, les jeunes pousses vaudoises sont absentes du podium du classement des 100 start-up suisses les plus en vue.

Depuis la création du TOP 100 Swiss Start-up Award il y a dix ans, le canton de Vaud n’a jamais connu une telle situation. En observant l’origine géographique de la dernière mouture de ce classement des jeunes pousses les plus prometteuses de Suisse, son sommet manque, en 2020, cruellement de drapeaux vert et blanc, au bénéfice des couleurs zurichoises.
Passage à vide vaudois
Après une décennie de rivalité entre les deux régions et de domination du top 5 par des sociétés vaudoises, le retour des start-up du canton suisse alémanique au sommet du classement rappelle que rien n’est jamais acquis. Cette évolution pousse naturellement à se demander si l’écosystème vaudois, après des années de dynamisme inédit, est arrivé au bout de son potentiel?
«Il est difficile de maintenir sur la durée un momentum aussi bon que celui vécu ces dix dernières années par le canton de Vaud»
Aux yeux de Jordi Montserrat, directeur de la plateforme d’aide aux start-up Venturelab (et à l’origine de ce classement annuel), ce n’est clairement pas le cas. «L’innovation en Romandie et en particulier sur l’arc lémanique se porte bien. Mais il est vrai qu’après les éditions précédentes où les sociétés vaudoises étaient très en vue, nous y comptons actuellement moins de start-up phares. Il est difficile de maintenir sur la durée un momentum aussi bon que celui vécu ces dix dernières années par le canton de Vaud», explique-t-il.
Étant donné qu’une start-up ne peut rester que cinq ans maximum dans le top 100, le retrait en 2020 des trois start-up à succès Lunaphore, Flyability et Best Miles explique en partie le coup de mou rencontré par le canton de Vaud. Mais la relève arrive, comme le montre Jordi Montserrat: «Si vous regardez l’ensemble du classement, vous observez qu’il accueille 34 sociétés romandes en 2020 contre 28 en 2019 et 31 deux ans plus tôt.»

Trois sociétés vaudoises se positionnent par ailleurs encore dans le top 10, à commencer par Gamaya. En septième position, cette jeune pousse basée à Morges écoule aux quatre coins du monde ses drones permettant de détecter les mauvaises herbes dans les plantations. Quant à CREAL (réalité virtuelle) et Insolight (panneaux solaires), les deux start-up – respectivement 9e et 10e du top 100 – poursuivent leur bout de chemin.
Zurich au sommet
Le passage à vide vaudois se remarque toutefois d’autant plus au vu de la situation inverse vécue par son grand rival suisse alémanique. Après des années de compétition, où les deux cantons n’ont cessé de jouer des coudes pour devenir le hub principal de l’innovation en Suisse, Zurich vient de prendre une très nette longueur d’avance.
On peut le voir au niveau des chiffres. L’année dernière, les start-up zurichoises ont récolté deux fois plus d’argent que celles basées dans nos vertes contrées, selon le rapport annuel établi par «Swiss Venture Capital». Sur les 2,2 milliards de francs de fonds levés par les start-up suisses l’année dernière, 1,2 milliard était du fait de jeunes pousses basées à Zurich contre 455 millions pour leurs homologues vaudoises.
Concurrence mondiale
La situation pourrait toutefois vite s’inverser étant donné qu’une majeure partie de cet argent était due à de très grandes levées de fonds. À Zurich, deux entreprises (GetYourGuide et FinanceApp) ont par exemple contribué à l’envol du canton avec un total de 700 millions de francs récoltés. Avec plus de 100 millions à son actif en 2019, la lausannoise ADC Therapeutics montre que Vaud n’a pas dit son dernier mot face à son rival d’outre-Sarine.
Mais pour retrouver du poil de la bête, le canton doit-il soutenir encore plus intensément ses jeunes pousses? Car si les Vaudois ont leur programme Innovaud, Zurich bénéficie désormais d’un Start-up Space et accueille depuis quelques années l’association Digital Switzerland. Jordi Montserrat pense qu’à ce jour, il n’y a pas besoin de «réinventer la roue», mais appelle à «poursuivre et continuer les efforts réalisés jusqu’ici».
À noter que cette rivalité entre les deux régions de Suisse laisse toujours autant de marbre les spécialistes. Ces derniers rappellent que la vraie concurrence pour les start-up tant vaudoises que zurichoises est internationale. Que ce soit à Boston, à la Silicon Valley, en Israël ou en Chine, tout le monde compte aujourd’hui bénéficier de l’écosystème d’innovation le plus dynamique possible.
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