L’histoire folle du patron du LHCPetr Svoboda, de criminel à héros
En 1984, l’actuel directeur des opérations hockey du Lausanne HC avait déserté la Tchécoslovaquie. Il avait trouvé refuge au Canada. Il détaille les méandres de cette aventure qui avait accouché d’une fin exceptionnelle quatorze ans plus tard.

Le 14 avril 1984, Petr Svoboda n’a que 18 ans quand son visage apparaît au journal de la télévision d’État de Tchécoslovaquie. Les mots du porte-parole du gouvernement sont glaçants: «Petr Svoboda est désormais considéré comme un criminel, les membres de sa famille le sont également.»
‹‹Je mijotais mon coup depuis que j’avais 13 ans, depuis mes premiers voyages dans le monde libre avec les sélections juniors››
La veille, le défenseur de l’équipe nationale avait fait défection pendant que ses coéquipiers célébraient une victoire au Championnat du monde M18 qui se déroulait en Bavière. «Je n’ai pas pris de douche et j’ai tout laissé derrière moi», nous a-t-il raconté durant un entretien accordé par Zoom au cours duquel ses yeux se sont embués à plusieurs reprises. Derrière lui, il laisse ses parents, qui ont aussitôt perdu leur travail. Un pays communiste trop restrictif pour cadrer avec ses aspirations de libertés. «Je mijotais mon coup depuis que j’avais 13 ans, depuis mes premiers voyages dans le monde libre avec les sélections juniors. J’en avais parlé avec mon père qui avait compris mes motivations et qui ne voulait que mon bonheur.» En Allemagne, il entre discrètement en contact avec un compatriote qui s’était échappé quelques années plus tôt avant de régulariser sa situation et fomente son coup.