Pierre Keller a posé de belles couleurs sur son cercueil
La cérémonie d'adieu à l'ex-directeur de l'ECAL fut à son image, colorée, chaleureuse, hors normes et pourtant respectueuse.
Il y avait de l'art, il y avait du vin. La cérémonie d'adieu à l'ancien directeur de l'ECAL et à l'ex-président de l'Office des vins vaudois résumait toute sa vie de passions. Dans une église de Saint-Saphorin bondée et dans les rues décorées à son image, il y avait de la tristesse mais aussi de la joie. Seul le ciel, gris, n'avait pas suivi les consignes qui demandaient que l'on porte des couleurs vives pour dire adieu à celui qui a vécu une «colorfull life». Son cercueil même avait été décoré par l'artiste John Armleder, tout de blanc traversé par des bandes de couleur qui rappelaient l'arc-en-ciel gay.
Comme le rappelait l'excellente pasteure Geneviève Butticaz, l'événement se voulait un «temps festif», organisé par la nièce de Pierre Keller et par les deux hommes qu'il a laissés à la tête des institutions qu'il a dirigées, Alexis Georgacopoulos à l'ECAL et Benjamin Gehrig à l'OVV. Le premier a fait un hommage intime, rappelant que «nous étions une génération Keller et que nous l'assumons». Cette «personnalité aussi insupportable qu'attachante» jouait de ses six sens, de l'ouïe sélective à ce qui l'intéressait jusqu'au toucher des œuvres d'art «mais aussi des corps parfaits quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit».
La surprise est venue de l'ancienne conseillère fédérale Ruth Metzler, venue plusieurs fois dormir à Saint-Saph'au point que Pierre Keller l'a appelée un jour en riant: «La rumeur court ici, incroyable: on a vu une femme sortir de chez Pierre». Elle a ensuite cité le texte écrit par un des nombreux «fils naturels» du directeur, Cyril Séverin, qui postait sur Facebook «il s'est battu, tout seul, comme toujours, poussant des gueulées à lever un tsunami de révoltes contre lui, même sur le Léman, cela pour un monde plus fantaisiste, plus drôle, plus direct, plus coloré».
Devant les quelque 500 personnes, les choix musicaux reflétaient l'éclectisme du membre du conseil de fondation du MJF, des «Trois Cloches» de Gilles à «I Need a Man» de Grace Jones, se terminant par l'hommage mi-chanté façon «Bella Ciao» mi-rappé par un ancien de l'ECAL, Simon Paccaud. Entre-temps, l'hôtelier et ami fidèle Jean-Jacques Gauer rappelait «tout ce que tu nous as donné, tenu en haleine, fait rire ou découvrir des nouveaux horizons», puis le vigneron Philippe Gex qui a conclu sur quelques blagues un peu machistes de celui qui lui a «inculqué les beautés de la vie, du lac, de l'art et de l'amitié».
La foule – dont quatre conseillers d'État en exercice et trois retraités, deux membres de la Municipalité lausannoise, des députés, des artistes, Daniele Finzi Pasca ou Mathieu Jaton – a ensuite eu droit à un apéro servi dans les rues du bourg par quinze vignerons choisis, pour un dernier verre de chasselas qui a évidemment duré fort longtemps.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.