En un mois, pas moins de quatre articles sont parus dans les colonnes de «24 heures» afin d’alerter la population sur la situation des soins dans le canton de Vaud: un article sur le Département femme-mère-enfant du CHUV et son manque de médecins actuels, un article sur le carton jaune des médecins transmis au Conseil d’État sur la précarisation des médecins installés, un autre alertant sur la santé psychique des 0-5 ans, et enfin un dernier à propos de la proportion d’enfants et d’adolescents faisant état d’une détresse psychologique.
Merci à ce journal de se faire le relais de notre préoccupation quotidienne et surtout grandissante sur la qualité des soins, en particulier des mineurs.
Médecin psychiatre et psychothérapeute d’enfants et adolescents (pédopsychiatre) installée à Lausanne, c’est en moyenne trois nouvelles demandes de famille par semaine que je refuse, et je sais que la situation est identique chez mes collègues. Sans quoi je me sentirais bien soulagée de pouvoir adresser ces familles dans la détresse à des consœurs/confrères.
«Nous n’allons assurément pas chercher les patients pour remplir nos cabinets, puisqu’on en refuse!»
Malgré cela, le Canton de Vaud maintient, plus ou moins conformément à la loi imposée par l’OFSP à Berne, l’interdiction d’installation à tout nouveau médecin. Et limite drastiquement leur formation et leur spécialisation pour les plus jeunes d’entre nous.
Nous serions, selon leurs calculs, 68% de médecins pédopsychiatres en trop par rapport à la population vaudoise (chiffre donné lors du Forum du 10 mars sur la réforme de la formation post-graduée des médecins Romands, RéFormer, conférence No 5 du Dr Boubaker, médecin cantonal vaudois). Alors là, je tombe des nues! Non seulement la population augmente, mais les besoins aussi. Nous n’allons assurément pas chercher les patients pour remplir nos cabinets, puisqu’on en refuse!
Certes, nous avons peut-être un haut de taux de couverture de médecins pédopsychiatres au prorata de la population par rapport aux autres pays. Mais a-t-on comparé ce chiffre au taux de suicide? Au taux d’hospitalisations pédopsychiatriques et ensuite psychiatriques adulte (qui coûtent très cher…)? Au taux de rente AI pour incapacité à l’âge adulte à s’insérer dans le monde du travail?
Quid de la souffrance?
Et enfin, dernier taux qui serait si important à mesurer mais malheureusement si rarement pris en compte, celui de la souffrance des mineurs et des familles?
Le calcul actuel de la Santé publique est celui de la politique de l’économie, et non de la santé justement. Mais politique de santé et politique de l’économie sont-ils compatibles? Grande question… Une chose est certaine, actuellement, côté santé, nous allons droit dans le mur. Côté économie, je ne saurais le dire, ce n’est pas mon domaine. Je sais juste que les primes d’assurance maladie continuent à augmenter. Utile? Nécessaire? Indispensable? Ou pas? Bonne question…
Mais n’oublions pas que les jeunes d’aujourd’hui sont la nation de demain!
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L’invitée – Politique de la santé ou politique de l’économie?
Céline Langenberger-Jotterand s’inquiète de voir des familles en détresse face à des problèmes de santé mentale et privées de soins.