Portrait de cette classe moyenne si chère aux élus
Vous en faites partie s'il vous reste entre 2500 et 6000 francs par mois après impôts et primes maladies pour faire tourner le ménage.

Les politiciens s'en gargarisent à longueur de débats, qu'ils soient de droite ou de gauche: vu le nombre d'électeurs concernés, la «classe moyenne» est souvent au centre de leurs préoccupations. Mais qu'entend-on au juste par classe moyenne? Mardi, Statistique Vaud a publié une vaste étude sur le revenu des Vaudois qui permet notamment de mettre des chiffres sur cette notion floue.
Selon cette publication basée sur des données de 2014, la classe moyenne correspond aux 60% de ménages dont le revenu annuel disponible, déductions faites des impôts, des cotisations sociales et des primes maladie, est compris entre 29 600 et 72 800 francs. Soit entre 2500 et 6000 francs par mois. Pour que cette donnée soit comparable d'un foyer à l'autre, un coefficient doit être appliqué au revenu selon le nombre d'adultes et d'enfants qui le compose (voir infographie).
«C'est une définition usuelle parmi d'autres possibles. Elle a le mérite d'être simple à vulgariser, souligne Benjamin Gay, de Statistique Vaud. Depuis quelques années, l'Office fédéral de la statistique retient par exemple un autre critère: les ménages touchant entre 70% et 150% du revenu disponible médian font partie de la classe moyenne.» De toute manière, s'accordent les spécialistes, toute définition de la classe moyenne relève de l'arbitraire.
Les chiffres rendus publics hier ne permettent pas de savoir si la classe moyenne vaudoise se porte mieux ou plus mal avec les années, la méthodologie étant nouvelle. Mais une autre analyse ressortant du Rapport social 2017 rapportait cet été que le revenu disponible des Vaudois avait un peu augmenté entre 2004 et 2014, dans des proportions équivalentes quelle que soit leur richesse. «Seul le dixième le plus pauvre de la population voyait son revenu stagner», rappelle le conseiller d'État socialiste Pierre-Yves Maillard. Qui s'empresse de nuancer: «Depuis, les primes d'assurance-maladie 2016, 2017 et 2018 ont connu des hausses importantes, qui ont un impact direct sur le revenu des ménages.»
Soutenir la classe moyenne reste donc plus que jamais d'actualité aux yeux des partis politiques. Le volet social de la RIE III vaudoise contient plusieurs mesures pour la cajoler: l'augmentation des allocations familiales ou le plafonnement des primes d'assurance-maladie à 10% du revenu brut des ménages. Au Grand Conseil, le camp rose-vert défend tant l'initiative de la gauche radicale sur les soins dentaires que le contre-projet du Conseil d'État, afin d'aider les habitants à faire face à des dépenses imprévues. «Une personne sur cinq n'a pas 2500 francs devant elle», lance Pierre-Yves Maillard.
Un ressenti
C'est en citant la même étude que le PLR Loïc Hautier vante l'initiative «Une baisse d'impôts pour la classe moyenne», dont il préside le comité. Ce texte, sur lequel voteront les Vaudois, vise à augmenter la déduction des primes d'assurance-maladie de leur revenu imposable. «Il n'y a pas besoin d'études scientifiques pour voir que la classe moyenne a de plus en plus de peine à mettre de l'argent de côté. Le montant des primes a doublé en vingt ans dans le canton. Les salaires, pas.»
Mal lotie, la classe moyenne? «Sur le plan national, dire qu'elle s'appauvrit est un mythe entretenu par les discours populistes», analyse Giuliano Bonoli, professeur de politiques sociales à l'Institut de hautes études en administration publique. «L'étude des flux financiers ne confirme pas ce ressenti. Il vient du fait que l'État en fait de plus en plus pour les plus démunis, et que la classe moyenne y contribue financièrement de manière importante. En fait, le revenu moyen augmente au fil des ans, moins vite certes que celui des très hauts salaires, mais ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus.»
Et l'expert d'indiquer que nombre de services publics (accueil de jour des enfants, transports, services de santé, etc.) profitent davantage à la classe moyenne. «Les allocations familiales sont versées tant qu'un enfant est aux études et ceux de la classe moyenne en suivent plus longtemps, par exemple.»
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