Il y a vingt ans prenait fin la «consultation œcuménique sur l’avenir social et économique de la Suisse». Ce processus de dialogue avait été lancé en 1998 par la Conférence des évêques suisses et la Fédération des Églises protestantes de Suisse (aujourd’hui l’EERS, l’Église évangélique réformée de Suisse). Elle a été clôturée par la publication d’un message des Églises, «L’avenir ensemble», remis de manière festive à Berne le 1er septembre 2001 au président de la Confédération d’alors, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger.
Si je rappelle cette consultation dont je fus l’une des chevilles ouvrières, ce n’est pas par nostalgie. Je souhaite souligner la richesse et la variété des débats lancés. Sur le plus de 1000 réponses reçues, deux tiers émanaient de groupes ou d’associations. Elle a donc impliqué des milliers de personnes à travers tout le pays. Des dessins d’enfants, des textes développés, des comptes rendus de discussions, d’ateliers ou de tables rondes ont été analysés pour constituer l’ossature du message final des autorités ecclésiastiques.
«Qui voudra chercher le débat avec des personnes qui pensent autrement et sortir du quant-à-soi dans lequel nous enferment les réseaux sociaux?»
Le projet avait été lancé avec les prémisses suivantes: «L’avenir de notre pays est devenu incertain […] les fondements de la vie sociale et économique qui ont prévalu jusqu’à présent sont remis en question. La Suisse a besoin de nouvelles fondations». Cette consultation devait, je cite encore l’invitation lancée en janvier 1998, contribuer à «chercher, avec la population tout entière, des réponses à des questions essentielles pour l’avenir».
Vingt ans après, il me semble que le constat d’une «insécurité existentielle profonde face au rapide changement social et économique» ainsi que la volonté de «trouver le chemin d’une sécurité qui ne se fonde plus sur un acquis prédéterminé, mais sur le respect de la dignité humaine et sur la fiabilité des procédures de décision» restent d’actualité.
Faire face à l’urgence
Ainsi, même si la consultation du début du siècle n’a pas laissé un souvenir impérissable, la démarche redevient pertinente. Après le récent rapport du GIEC, après l’échec de l’accord-cadre avec l’Union européenne et avec une pandémie qui n’en finit pas, les incertitudes sont plus grandes que jamais. Formuler des valeurs communes qui tiennent notre pays ensemble, débattre des priorités et des mesures à prendre face à l’urgence pandémique ou climatique, renforcer la cohésion sociale et la solidarité restent des nécessités.
Qui aura l’énergie, l’audace et la légitimité de lancer un tel processus pour réunir jeunes et vieux, migrants et autochtones, riches et pauvres, tenant des progrès technologiques et artisans de la transition? Qui voudra chercher le débat avec des personnes qui pensent autrement et sortir du quant-à-soi dans lequel nous enferment les réseaux sociaux?
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
L’invité – Posons-nous la question: «Quel avenir voulons-nous?»
Jean-Claude Huot souhaite une réflexion de fond sur nos valeurs communes et nos priorités face aux crises de l’époque.